Kasumi entendit très disctinctement, trop clairement Minaky refuser son pull. Les mots que la jeune fille prononca restèrent bien longtemps à flotter dans son esprit, confus et presque honteux. Il se sentit une fois de plus comme rejeté par quelqu'un en qui il pensait avoir confiance, même si Minaky restait juste une inconnue pour l'instant pour lui.
C'est alors qu'il se rappela une de ses promesses qu'il avait du faire, pour essayer de mieux vivre après avoir assassiné tant de gens... Car même s'il les avait tués par vengeance, ils constituaient sa seule famille, et au jeune age qu'il avait lorsqu'il prit la décision de tous les bannir du monde, il était encore faible d'esprit. Faible d'esprit, il s'était donc fait une promesse qui le suivit jusqu'à son arrivée dans ce monde où il se rendit compte qu'il l'avait un peu oubliée. Les circonstances étant moins hostiles, et peut etre même son travail l'avaient changé. Mais pas à ce point.
Kasumi se répéta avec ferveur son serment.
*Ne jamais dépendre de quelqu'un, ne jamais laisser quelqu'n dépendre de moi*
Il se sentit mieux après ca. Car peut etre que Minaky pensait ainsi et qu'elle avait refusé son aide à cause de son voeu d'indépendance... Enfin, ca ne restait qu'une supposition parmi tant d'autres. La jeune fille s'excusa d'ailleurs d'un sourire timide que Kasumi vit après avoir tourné la tête. Il sentait toujours le poids du tissu du pull dans ses mains. La jeune fille toussota, et le regard de Kasumi suivit la scène avec un intérêt dont lui même ne savait pas l'origine. La jeune fille eut l'air de pressentir son inquiétude, et elle lui sourit, puis lui assura d'une voix très assurée, comme pour se convaincre elle même, qu'elle allait bien.
Kasumi ne répondit rien, mais il reprit son pull, sans le renfiler au cas ou elle changerait d'avis. Elle n'avait vraiment pas l'air d'aller bien,mais bon, le jeune homme préférait ne pas insister la dessus, car apparement elle avait eu l'air gêné quand il lui avait proposé son pull pour la réchauffer. Le jeune homme voulut parler, mais il fut coupé par Minaky, qui sortit un flot de paroles avec un sourire, comme celui dont il avait usé auparavant, pour atténuer les mauvaises nouvelles. Les yeux de la jeune fille brillaient d'un éclat étrange, et Kasumi eut peur qu'elle eut de la fièvre.
Elle lui dit donc qu'elle ne pourrait pas venir demain, mais que le lendemain, ou le surlendemain, elle serait libre. Kasumi prit son sourire absent de quand il se sentait triste mais qu'il ne souhaitait pas que ses interlocuteurs s'en rendent compte. Il venait de se rendre compte que Minaky devait avoir des amis, et peut etre meme de la famille. Elle n'allait pas arreter toutes ses sorties entre amis juste pour les beaux yeux de Kasumi.
*Evidemment* pensa t'il avec regret.
Mais elle lui avait tout de même proposé deux autres dates, ce qui réjouit quelque peu le jeune homme. Elle n'essayait donc pas de le fuir, comme avait été sa première pensée. De plus, elle s'embrouillait dans son discours, et elle le ponctua d'un "vous comprenez ?" qu'il ne releva pas comme une vraie question à laquelle il fallait répondre. De toute façon, il ne comprenait pas, puisqu'il ne savait pas pourquoi elle refusait de sortir demain. Ca pouvait etre tant de choses que Kasumi décida d'oublier le pourquoi et de se concentrer sur quand il pourrait sortir. Il était en fait libre tous les jours à partir de 20h30 le soir,même s'il restait souvent plus longtemps, à cause des gens qui arrivaient juste avant la fermeture et qu'on se devait de servir sans les renvoyer dehors.
Il se décida donc, et lui répondit d'un ton aimable, gardant son sourire absent :
"Très bien , nous nous reverrons donc après demain, à 21h, en bas de la Grande Roue."
Puis il se retourna, sans attendre de confirmation, fit quelques pas dans l'herbe, ramassa le petit chat, qui l'attendait déjà, le mit dans le creux de ses bras, avec son pull, puis il commenca à partir. Il ne voulait pas être en retard à son travail demain, et de plus, la fatigue qu'il avait ignorée grâce aux émotions de la conversation qu'il venait d'avoir lui retombait en bloc sur les épaules. Il murmura donc, plus pour lui que pour la jeune fille qu'il venait de quitter :
"Bonsoir..."
Tant mieux si elle entendait, tant pis pour le contraire. Kasumi marchait d'un pas rapide mais silencieux, et malgré sa fatigue il restait toujours aussi discret qu'une ombre parmi les ombres de la nuit.