Un chat égaré?

Kasumi était rentré chez lui après sa dure journée de travail. Il s'était douché, avait pris un repas rapide, puis s'était rhabillé pour sortir se promener dans la nuit. Ce qu'il faisait chaque soir, d'ailleurs. Il se vêtit de ses habituels vêtements, toujours sombre et discret à souhait. Il ne voulait pas être apercu la nuit de plus. Car un serveur dans un Café normal dort la nuit, non ? Il ne se promène pas au milieu des cerisiers.

Car Kasumi avait décidé de se promener dans le parc de la ville ce soir. Il aimait le parfum des fleurs de cerisiers qui bordaient le chemin. Et puis il n'y avait jamais personne, ou alors quelques groupes de jeunes ayant un peu bu, et s'étant retrouvé là par mégarde. Il sortit de chez lui discrètement et seulement lorsque la nuit fut noire. Heureusement, ici la nuit était presque toujours profonde, et la lune ne se montrait pas souvent.

Kasumi arriva donc rapidement aux grilles du parc. Il se retrouva vivement de l'autre côté, sans que l'on distingue ni entende les grilles bouger. Il leva la tête et un pétale de fleur arriva sur son front. Il secoua la tête pour le faire tomber. Puis il détailla les environs. Un groupe de gens étaient assis en cercle à quelques mètres. Le jeune homme distinguait les éclairs jaunes orangés lorsqu'ils tiraient sur leurs cigarettes. (Il n'était pas sur que ce soient des cigarettes d'ailleurs.) Il passa à côté d'eux. Ils ne le remarquèrent pas. Puis il alla s'asseoir au pied d'un des cerisiers dans le noir. Il sentait l'herbe fraîche sous ses mains, et les quelques fleurs qui poussaient sur la pelouse.

Puis, alors qu'il était perdu dans de profondes réflexions sur sa vie, son destin et son passé, Kasumi percut le groupe qui se levait. Il décida de les suivre à leur insu, juste histoire de vérifier si ses talents d'assassin étaient toujours là. Le jeune homme se glissa ainsi dans la trace du groupe. Il suivit les jeunes de loin d'abord, puis il se rapprocha assez pour pouvoir toucher les jeunes gens. Il avait envie de s'amuser cette nuit, alors avec un sourire, il mit sa main dans la poche du pantalon de la personne qu'il suivait. Il sentit au bout de ses doigts des clefs, un paquet de cigarettes et un autre objet, lisse et froid. Il le retira de sa poche habilement, d'un geste léger et vif. La personne tressaillit et Kasumi, empochant son trophée, se baissa instinctivement lorsqu'elle se retourna pour vérifier son intuition qu'elle était suivie. Puis la personne secoua la tête, et reprit sa discussion avec le groupe. Kasumi, à présent allongé dans l'herbe où il avait roulé pour ne pas être vu, exhultait de joie. Il était toujours parfait.

Un parfum agréable flottait dans l'air, et Kasumi se rendit compte qu'il était allongé sur des pétales. Il en prit une dans les doigts, et commenca à jouer avec lorsqu'il entendit une voix féminine qui ne lui était pas inconnue. Il tourna la tête, et se leva sur un coude, pour mieux apprécier la scène. Le groupe qu'il venait de quitter se trouvait trente mètres plus loin, juste sous la lumière d'un lampadaire. Et une jeune fille, essouflée par une course effrenée, diagnostiqua Kasumi, leur parlait. Elle tenait un chaton dans ses bras, et le jeune homme remarqua qu'elle portait un uniforme scolaire. Il pensa qu'elle devait être au lycée, mais ne s'attarda pas sur ca. Car déjà le groupe repartait et la jeune fille, une mine décue sur le visage repartait hors de la lumière du lampadaire.

Kasumi sentit son coeur s'agiter lorsqu'elle vint dans sa direction, en courant. Il s'assit et remonta son col noir sur son visage blanc. Elle s'assit légèrement dans l'herbe recouverte de pétales roses et blanches. Kasumi retint son souffle. Elle était juste à côté de lui, à un mètre cinquante voire deux mètres. Il l'entendit soupirer, puis parler.

"Je crois que je ne pourrai pas trouver ton propriétaire décidément..."

Kasumi se demanda à qui elle parlait, et il s'apercut que le chat était couché dans l'herbe à ses côtés. Ca aurait du être son chat, pour avoir une telle confiance en une inconnue. Kasumi serra les dents quand il se rappela que dans son ancienne vie il attirait tous les félins, et rejetait tous les canins. Une chose qu'il n'avait jamais comprise d'ailleurs. Peut être que les chats aimaient son côté félin, et que c'était cela qui le faisait repousser des chiens.

Tout cela amena le chat de la jeune fille à se lever précipitamment, et à filer sur Kasumi. Il resta figé, dans l'espoir que le chat se soit trompé. Mais rien à y faire. Le félin sauta sur Kasumi, et vint se frotter sur son cou en ronronnant. Le jeune homme était gêné. Il ne voulait pas déranger cette jeune fille. Cette jeune fille, qui s'était levée, et se demandait pourquoi son chat était parti.

Kasumi soupira, et prit le chat délicatement mais fermement, et il le lacha. Le chat retomba par terre, sans aucun problème, sur ses quatres pattes. Comme un chat quoi, bref.

Il se leva à son tour pour s'excuser et s'en aller. La jeune fille avait compris. Mais lorsqu'il fut debout, face à cette jeune fille, il se rendit compte qu'il l'avait déjà croisée... Il dit donc :

"Excusez moi... Je ne comptais pas vous déranger, je vais partir si vous le voulez..."

Il cherchait son nom dans sa tête.

*Zut... pourtant, une jupe rouge, des yeux caramels... des longs cheveux... un ton enfantin. Je l'ai déjà croisée, elle s'appelle... elle s'appelle ?*

Mais il avait beau chercher, il ne trouvait pas. En revanche, elle semblait savoir exactement où et quand elle l'avait vu, du moins, elle ne semblait pas chercher un souvenir égaré.

Kasumi fut surpris du ton sur lequel elle lui répondit. Un ton nerveux. Le jeune homme comprit immédiatement ! C'était la jeune fille qu'il avait croisé au commissariat. Zut ... Il avait du lui faire peur durant leur première rencontre. Il lui sourit gentiment, heureux de la croiser de nouveau, mais elle regardait avec acharnement par terre, son regard fixé sur le chat qui semblait au comble du bonheur entre eux deux.

Kasumi ne savait pas à qui était ce chat. Il n'avait même pas rencontré de chat avant cette nuit dans cette ville. De plus, celui ci était mignon, assez jeune, et il était parfait (selon les critères de Kasumi c'est à dire qu'il était mince, agile, et avec une étincelle d'intelligence dans le regard).

Le jeune homme se sentit soulagé lorsqu'il se rappela entièrement ce qui s'était passé au commissariat de police. Et soudain la jeune fille se baissa devant lui pour s'excuser. S'excuser d'avoir été froide ? Kasumi sourit pleinement, et son sourire créa comme une petite lueur blanche d'espoir dans la nuit noire. Il allait lui répondre qu'elle ne devrait s'excuser, du moins qu'elle l'avait déjà fait avant, donc que ce n'était plus la peine, mais elle fit quelque chose qui prit Kasumi totalement au dépourvu.

Elle aggripa un morceau de son pull. Le corps de Kasumi se tendit imperceptiblement. Il n'avait pas envie d'avoir un contact corporel avec une femme depuis la mort d'Arisa. Ses poings se fermèrent comme en prévention d'une suite possible. Comme s'il ne s'autorisait plus aucun contact physique, car alors il aurait trahi la mémoire de sa fiancée... Mais il ne put s'empecher de regarder dans les yeux cette si jolie jeune fille qui déjà s'aggrippait à lui quand soudain elle lui dit de ne pas partir. Il ne savait pas trop que répondre, mais elle n'attendait apparement pas de réponse, alors le jeune homme se contenta de la couver du regard dans l'obscurité du jardin des cerisiers.

Et elle lacha Kasumi. Il se décontracta instantannément, et ses poings ses relachèrent. Puis il sourit lorsqu'il sentit le chat juste en face de sa tête. La chaleur qui émanait de son petit corps recouvert de fourrure douce le faisait fondre. Il le trouvait trop mignon. La jeune fille lui tendait, comme pour lui dire quelque chose, comme si elle voulait lui faire passer un message, mais qu'elle n'osait pas lui parler directement, peut etre pour ne pas briser la si agréable atmosphère qui planait sur eux alors. Le sourire de Kasumi devint réconfortant, et il lui prit le chat des mains, pour le lover contre son torse. Le chat ronronna.

Puis le jeune homme releva les yeux, et elle baissa de nouveau le regard. Il se demanda pourquoi elle fuyait ses yeux. Il n'avait pas un air de tueur ce soir la, et il n'y avait aucune indiscrétion dans ses regards envers elle.

"Non, je ne sais pas à qui il appartient, mais si vous n'en voulez pas, je veux bien l'accueillir chez moi... Ca me fera de la compagnie."

Puis il regarda la jeune fille. Il ne savait rien d'elle, même pas son nom. Il espérait que ce soir il pourrait l'entendre, et il savait qu'il ne l'oublierait jamais. Puis, le chat bougea un peu, et Kasumi dut s'allonger dans l'herbe pour lui permettre de dormir bien à l'aise. Il esperait qu'elle s'allonge à ses côtés, ils pourraient ainsi discuter en regardant les étoiles. Le ciel était magnifique cette nuit. De plus l'herbe était douce et recouverte de pétales de cerisiers voluptueux sous ses doigts. Il caressa de sa longue main fine le corps plein de vie du petit chat. Il était si doux...

Qui n'étaient plus la. Enfin, le chat était toujours endormi, roulé en boule, mais plus de trace de Kasumi sur l'herbe humide du parc dans la nuit. Il était en fait juste derrière la jeune fille, qui ne l'avait pas vu se lever, perdue dans ses pensées, le regard levé vers les étoiles. Un grand sourire joueur éclairait le visage du jeune homme vêtu de noir, dans le dos de la jeune fille. Il avait eu envie de savoir ce qu’elle ressentait, et s’était levé puis s’était placé derrière elle. Il avait regardé les étoiles, et observé la lune qui éclairait faiblement l’immensité du ciel noir d’encre. Il avait essayé de penser comme elle. Cette inconnue... Il voulait savoir tous ces problèmes. Pensait-elle à un garçon de son lycée ? Ou pensait-elle à sa famille ? Ou encore pensait-elle à lui ? Kasumi espérait qu’elle ne pensait pas tristement, mais sa mélancolie l’atteint lui aussi alors qu’il contemplait le ciel de cette si belle nuit.

Lorsqu'il vit la jeune fille sortir de ses pensées, il l'attrapa et enroula ses bras autour des épaules de Minaky, comme mû par un instinct qui serait resté enfoui en lui depuis sa naissance. Il ne savait pas pourquoi il avait fait ce geste, mais il savait qu’il en avait eu envie depuis leur rencontre de ce soir, si improbable dans un si grand parc, et même dans une si grande ville. Peut être le lieu, peut être le parfum des cerisiers, peut être la douceur de la nuit, ou peut être tout simplement les cheveux brillants de la jeune fille l’avaient poussé à l’enlacer. Puis il l'attira à lui tendrement et il lui murmura à l'oreille :

"Trop facile"

Et son sourire joueur s'élargit. Il ne voulait pas l’effrayer, pas comme la dernière fois où ils s’étaient mal compris au poste de police... et de plus il sentait que son corps était détendu, comme si elle ne s’inquiétait pas plus que ca. Un petit vent frais la fit frissonner... Du moins, c’est ce que pensa le jeune homme. Kasumi apprécia cette promiscuité si soudaine qu’il avait avec cette inconnue... Il sentait le doux parfum de ses cheveux contre ses joues, et il ferma les yeux un instant. C’était si agréable. Depuis son arrivée, il n’avait plus eu aucun contact. Et ce soir, il se sentait si bien.

Il s’allongea dans l’herbe en se laissant tomber en arrière, et il amortit l’arrivée de la jeune fille dans l’herbe humide de rosée parfumée. Le chat les observait d’un œil vif qui brillait d’une lueur amusée. Comme tous les chats, il ne pouvait pas parler, mais Kasumi savait que s’il avait pu, il n’aurait rien dit, pour ne pas briser l’atmosphère presque magique de cette nuit. Le jeune homme se tourna légèrement afin de voir la jeune fille entièrement. Ses yeux bruns brillaient dans la nuit, et ses cheveux éparpillés sur les pétales de fleurs de cerisiers chatoyaient dans la lueur de la lune. Kasumi sourit. Il commençait à l’apprécier vraiment.

« Et comment vous appelez vous ? »

Il lui avait dit ca sans trop y penser. Il avait envie de pouvoir mettre un nom sur ses pensées incessantes. Car penser à une inconnue avec tant de curiosité n’était pas une attitude respectueuse. De plus, Kasumi commençait à peine à s’habituer à la ville. Les gens qui ne se présentent pas... Les gens qui ne parlent pas... Les gens qui ont leurs problèmes et qui ne veulent pas les partager... La ville, quoi. Un monde hostile et urbain. Kasumi n’aimait pas trop cette façon de vivre et c’est pourquoi tous les soirs il sortait se promener au sein de l’obscurité. Il se revoyait alors avant, lorsqu’il était encore assassin et sans pitié. Il rêve du temps ou il a tué toute sa famille, ou il a pu lire sur tous les visages de ses victimes la peur de la mort, et parfois une reconversion soudaine envers le plus fort. Kasumi avait adoré voir les rôles s’inverser ce jour là, ce jour ou le sang avait coulé à flot pour le bonheur d’un seul être. Lui qui avait été maltraité, lui qui avait été enfermé...
Il eut les larmes aux yeux et décida de chasser ses anciennes pensées. De leur position allongée, ils pouvaient contempler les étoiles qui semblaient être des points de reflets sur un lac noir de nuit. Comme s’ils surplombaient en silence un océan infiniment profond piqueté de reflets argentés, la lune et les étoiles. Kasumi attendait lui aussi en silence la réponse de la jeune fille.

*HEIN ?!*

Kasumi ouvrit grands les yeux. Il ne comprenait rien. Elle venait de répondre "Bonne question..." alors qu'il lui avait demandé son prénom. Son visage (à lui) affichait un air surpris et étonné, et même un peu effrayé. Il se redressa brusquement sur un bras. Etait il tombé sur une fille dérangée mentalement ? Ou alors, le prenait elle vraiment pour un imbécile (mais à CE point?!) ? Kasumi ne savait pas quoi faire, ni que penser. Il décida de la laisser s'expliquer. Peut être était elle orpheline, et elle ne savait pas son nom. Mais la suite de la réponse de la jeune fille n'arrangea pas les choses, et elle le troubla même d'avantage. Le jeune homme était sur le cul troublé par ses paroles. "Je n'ai jamais pensé à m'appeler par téléphone ou autre... c'est vrai que ca doit être très compliquer... je ne le sais pas... "

Kasumi cilla légèrement. La, il comprenait un peu mieux. Elle avait fait un jeu de mot de sa question, transformant le sens du verbe s'appeler. Même si s'appeler au téléphone tout seul devait en effet être dur, ce sens n'était pas impossible. Kasumi ferma un instant les yeux.

*Mais ce n'est pas drole du tout... *

D'ailleurs, juste après la jeune fille s'excusa comme si elle venait de raconter n'importe quoi.

*Mais... Elle A raconté n'importe quoi ! *

Les vagues de sentiments submergeaient Kasumi sans qu'il s'en rende compte. Il était gêné et embarrassé pour elle, et en même temps, il était surpris de sa réponse. Peut etre ne voulait elle pas lui dire son prénom ? Kasumi sourit enfin. Oui, c'était surement ca. Perdu dans ses pensées, assez agitées il faut l'avouer, il n'entendit que la fin de la phrase de la jeune inconnue. "vous trouvez ,vous?"

*Kuso...*

Il n'avait pas pour habitude de répondre au hasard "oui" ou "non". Il aurait aimé écouter ce qu'elle avait dit, quoi que... Ca risquait fort d'être comme le reste de son discours, légèrement incohérent. Kasumi recommencait à envisager le fait de discuter avec une fille dérangée mentalement, mais quand il la regarda, il n'apercut sur son joli visage aucune trace de folie. Il y avait juste un grand point d'interrogation qui se lisait dans ses prunelles caramel. Kasumi ne pouvait pas ne pas répondre, car elle le fixait, attendant une réponse de sa part. Il envisageait de lui demander de répéter sa phrase, mais il n'avait pas tellement compris la dernière, alors tout réécouter...

Il soupira légèrement, et répondit au hasard, contre ses manières.

"Non."

Puis il se rallongea. La discussion qui s'avérait être magique tournait au ridicule, et Kasumi se rendait soudainement compte de la différence d'age qui les séparait (et qui instaurait par conséquence une différence de caractère). Il n'aurait jamais pu être ami avec cette fille. Mais pourquoi avait il insisté alors au commissariat ? Et puis pourquoi cette rencontre si hasardeuse ? Le destin était vraiment contre lui... En parlant de destin... Ses pensées revinrent à Arisa. Il avait honte d'avoir autant approché une personne alors qu'il était déjà fiancé. Mais, comme aurait dit Arisa, avec un sourire gêné, "Tu es comme ca". Kasumi sourit. Et puis, elle aurait rajouté d'un ton malicieux, avec un sourire mignon sur le visage "C'est ce qui fait ton charme". Le jeune homme eut alors une impulsion.

Il se releva. Il ne voulait pas passer la nuit à ne rien faire, allongé dans l'herbe en compagnie d'une inconnue qui refusait de lui parler d'elle. Il ne recherchait pas plus que ca la compagnie, et c'est pourquoi suivant comme toujours ses émotions, il s'était levé. Il lui sourit gentiment, car il ne voulait pas la blesser. Son départ n'était pas entièrement de sa faute. Et puis, apparement, elle aussi préférait être seule. Alors, tant qu'à faire ... Kasumi la salua d'un ton courtois, un sourire poli étirait désormais ses lèvres.

"Oyasumi"

Avant de se retourner et de partir de son pas léger et furif, silencieux comme une ombre dans la nuit. Il avait juste oublié un détail.

Le chat.

Il se reveilla dès que Kasumi parla, et il fit quelques pas dans sa direction, avant de s'arreter, indécis. Il ne savait pas s'il devait rester avec la jeune fille qui semblait le comprendre, ou avec ce jeune homme qui semblait être un des siens. Alors, il s'arreta à mi distance, et il s'assit dignement, comme les chats. Puis désespérement, il miaula .

Kasumi marchait d'un pas léger dans la nuit, lorsqu'il entendit le chat miauler. Il se crispa, et ses poings se fermèrent. Il se rendit compte qu'il l'avait oublié, et s'insulta intérieurement de cette négligence. Il venait de dire qu'il allait s'en occuper, et voila qu'il l'oubliait déjà ! Enfin, c'était ses débuts en tant que maître de chat. Avant, il avait eu un cheval, mais... Ca s'oublie moins facilement. ^^ Bref, il se crispa à l'appel du chat. Mais il ne prêta pas trop attention à ca, son esprit était occupé par la discussion houleuse qu'il avait eue avec cette jeune inconnue. Comment en était il arrivé à se sentir insulté au point de partir sans explications ? Kasumi soupira, comme pour évacuer le stress.

*je devrais vraiment arrêter de suivre mes instincts...*

En effet, il risquait de froisser les gens qui ne le connaissaient pas. Comme cette fille. Et pourtant, il avait réellement ressenti de la joie lorsqu'il l'avait revue. Ses sentiments étaient sincères. Mais là... Le malentendu caractérisait tous leurs rapports, et il semblait à cet instant à Kasumi que jamais il n'aurait réussi à la comprendre....
C'est à ce stade la de ses reflexions qu'il entendit l'inconnue reparler dans son dos. Il devait être à quelques dizaines de mètres déjà, mais le silence de la nuit aida son ouie à comprendre quelques mots :

"Va vers lui ses chances de vie sont plus élevées que la mienne..."

Kasumi s'arrêta net. Il était troublé. Il ne se retourna pas, mais leva les yeux au ciel. Ses pupilles tremblaient, et l'éclat incertain de la lune faisait paraître ses yeux transparents.

*Mes chances de vies ? Les siennes ? Qu'est ce qu'elle veut entendre par la ?*

Cette phrase lui semblait si inconvenante dans la bouche d'une jeune fille. Et puis, elle n'avait pas du tout la voix naïve et enjouée qu'elle affichait toujours. Cette voix était mélancolique et sombre, comme si elle essayait de cacher un horrible secret au quotidien. Kasumi sentit une larme couler sur sa joue, son regard toujours fixé sur les étoiles. Que pouvait elle cacher à ce point ? Il sentait tout au fond de lui qu'aucun d'eux ne s'étaient vraiment dévoilés à l'autre. C'était dommage, et cela facilitait les malentendus. Mais Kasumi sentait bien qu'elle avait besoin d'un confident.

Le jeune homme se retourna brusquement, mû par un instinct. Il ne pouvait pas la laisser seule après ce qu'il avait entendu. Sa larme se détacha de sa joue et vola, captant par reflet l'éclat de la lune, ce qui la fit paraître brillante. Kasumi ne s'en aperçut même pas. Son attention était fixée sur l'obscurité.

Il eut un battement de coeur raté. La jeune fille n'était plus là. Les yeux clairs du jeune homme s'écarquillèrent, tentant en vain de trouver un signe de sa présence dans le paysage. Il fit un pas. Que faire ? Etait elle partie ou se cachait elle simplement derrière un arbre ? Il eut beau chercher des yeux, il ne trouva aucun signe. Et les remords commencèrent à l'envahir.

Peut etre était elle partie suite à son départ ? Pourquoi serait elle restée de toute façon ? Elle n'avait aucune raison de rester là, mais Kasumi se sentit tout de même coupable. Et si elle allait faire quelque chose... d'irrécupérable ? Il sentit comme un papier qui se froissait en lui. Un mal être persistant. Kasumi ne sut plus que faire. Sa colère s'était de nouveau évanouie comme si elle n'avait jamais existé. Il avait vraiment eu envie de partir lorsqu'il l'avait quittée tout à l'heure, mais il pensait alors que peut etre elle aurait essayé de le rattraper. Du moins... Il ne savait pas ce qu'il avait espéré. Mais ce n'était pas un bon présage.

Une nouvelle larme franchit ses cils, pour rouler sur sa joue. Il l'essuya d'un mouvement rageur. Depuis quand s'inquiétait il autant pour quelqu'un qu'il ne connaissait même pas ? Mais il se sentait proche de cette fille de par ses problèmes. Elle essayait de cacher ses problèmes. Mais ce n'était pas une solution, et Kasumi le savait bien. Parcequ'une plaie laissée sans soins s'infecte, une blessure interieure s'infecte aussi si on ne l'accepte pas. Il commencait à ne plus savoir que penser, là debout, seul dans ce grand parc, cette nuit. Silhouette obscure parmi les ombres de la lueur de la lune.
Il aurait voulu rentrer, et en même temps, il ne voulait pas partir. Car partir, c'était un peu comme s'il allait dire adieu à tout ce qu'il s'était passé ce soir, et ca, il n'en avait aucune envie.

Et soudain, ses pensées se brisèrent. Elle était là. Elle vit que Kasumi l'avait remarquée. Le jeune homme en tomba presque par terre. Il espérait ne pas avoir été observé avant... Mais non, c'était impossible. C'était parcequ'elle avait voulu le voir qu'il s'était apercu de sa présence.Le jeune homme releva petit à petit ses yeux si clairs et si perdus. Et quand il arriva enfin au regard de la jeune fille, il se rendit compte qu'elle ... ( à toi ^^ )

Kasumi lit dans ses yeux un regard inquiet, et sombre... Il frissonna, mais comme s'il venait de rêver, les yeux de la jeune fille redevinrent joyeux et naifs. Il resta fixe, interloqué. Comment pouvait elle passer d'une humeur aussi sombre, à une humeur aussi enfantine ?Puis il sourit tristement quand il se rappela que c'était ce que lui aussi faisait... La première fois qu'il avait vu Minaky, il était décidé à la tuer s'il le fallait. Ensuite, aujourd'hui il avait eu envie de la prendre contre elle, de la serrer fort dans ses bras. Il sentait qu'une menace pesait sur elle et que ses freles épaules n'allaient pas pouvoir supporter tout cela bien longtemps. C'est pourquoi il se décida à l'aider. Il ne savait encore rien d'elle, mais même si ce qu'il devat apprendre allait etre dur, horrible, ou même terrifiant, il ne l'abandonnerait pas.

Puis elle se rapprocha de lui, marchant jusqu'au chat dans un premier temps. Elle prit le chat à deux mains, et le porta jusqu'a Kasumi. Puis elle lui demanda si c'était ce qu'il cherchait.

*Non... C'était toi que je cherchais*

Mais il n'osa pas dire ses pensées, et il se contenta de la regarder lui parler. Les mots coulaient à flots de ses lèvres, et elle ne semblait pas vouloir s'arreter de se confondre en execuses. Ce comportement aurait du faire sourire Kasumi en temps normal, mais aujourd'hui il se demandait quel terrifiant secret cette jeune fille pouvait bien cacher derrière ses airs naïfs et puérils... Il commencait à imaginer les pires choses. Etait elle battue par sa famille ? Etait elle abandonnée ? Etait elle triste parcequ'elle venait de rompre... Et si jamais elle avait tué quelqu'un ? Ca aurait expliqué sa présence au commissariat ? Et si jamais elle faisait partie de la police ? Un enfant policier ? Improbable... Kasumi soupira, et la jeune fille le tira de ses pensées en s'inclinant en face de lui.

Le jeune homme s'étonna. Cette fille était vraiment... désorientante. Il ne savait pas trop quel comportement afficher en sa compagnie, alors il ne bougea pas, et seuls ses yeux clairs suivaient les mouvements de la jeune fille avec attention. Puis elle reprit la parole.

*Minaky*

Kasumi sourit, c'est comme si une porte s'était enfin ouverte entre eux. Une porte qui donnait sur un millier d'horizons.

*Joli nom*

Il la laissa parler encore, mais elle changea directement de sujet, un ton honteux dans la voix, comme si elle en avait déjà trop dit sur elle. Kasumi l'écouta lui parler du chat, et des éventuels problèmes qu'il pourrait avoir en sa compagnie. Il se rappela qu'il avait dit qu'il le prendrait sous sa protection. Zut. Il ne savait pas comment s'occuper d'un chat, lui.
Et justement, la fille, Minaky, se proposa de l'aider si jamais un problème survenait. Il lui sourit de nouveau. Il se sentait beaucoup mieux d'un coup, et il n'avait plus trop envie de partir d'ici... Et en écho à ses pensées, Minaky lui demanda s'il voulait repartir d'ici. Kasumi était surpris que leurs pensées correspondent à ce point.

Il l'écouta, sans bouger. Il ne voulait vraiment pas partir. Pas maintenant, alors qu'une porte était ouverte entre eux. Mais... Peut etre aujourd'hui était il terminé. Peut etre qu'il fallait mieux en apprendre petit à petit. Car selon Kasumi, elle ne se livrerait pas entièrement à lui dès le premier soir. Du moins, il espérait le contraire.

La jeune fille commenca à le saluer pour lui dire aurevoir, mais Kasumi sentit quelque chose comme du regret a faire ca dans ses mouvements. C'est pourquoi il ne bougea pas, même si en deux phrases, et un salut, elle lui avait clairement fait comprendre qu'elle voulait qu'il parte. Kasumi, lui ne voulait pas partir. Et il ne bougea toujours pas. Minaky non plus ne bougeait pas. Ils étaient tous les deux immobiles l'un face à l'autre silencieux, lorsque Kasumi vit que Minaky allait reparler.

Il eut soudainement une peur incontrolée. Et si elle lui demandait de partir une 3eme fois ? CE ne serait plus poli du tout de rester là. Ses pensées s'agitèrent une seconde, et c'est pourquoi il prit les devants, lui coupant la parole.

"Euh... Je peux rester ici avec toi...?"

Sa voix avait le ton inquiet de l'enfant qui vient de se faire gronder et qui veut réparer son erreur. D'ailleurs Kasumi avait baissé la tête, et il la releva lorsqu'il continua sa phrase :

"... Minaky ?"

Et il agrémenta son prénom d'un sourire charmeur. Il n'avait pas envie de passer la nuit seul encore une fois, à flaner sans but dehors. Tant qu'à faire, cette nuit serait la nuit de la deuxieme rencontre avec cette jeune fille. Qu'elle dure le plus longtemps possible était un des souhaits de Kasumi.

Kasumi soupira légèrement. Il aurait aimé parler d'autre chose que le chat qu'il avait décidé de prendre sous son aile, pour une fois au moins ce soir. Il lui rappela d'une voix douce :

"Tu m'a déjà proposé de l'aide pour lui, merci."

Il lui sourit. Kasumi ne voulait pas la froisser, mais il ne voulait pas partir. Et il savait pourquoi. Il voulait en apprendre plus sur cette jeune fille si mystérieuse, qui avait pris tant de temps pour lui dire simplement son prénom. Et le jeune homme ne savait meme pas le nom de famille de Minaky. Il supposa qu'elle devait etre soit connue, soit recherchée par la police. Il s'imagina en train de parler avec une star de ce monde... Après tout, cela tenait. Elle était tres jolie, ses grands yeux marrons caramels, son petit nez, sa petite bouche... Et ses longs cheveux bruns qui avaient poussé Kasumi à la serrer dans ses bras. Si lui, un assassin en peine d'amour avait eu envie de l'attirer à lui, que feraient, ou voudraient faire, des fans ? Kasumi se sourit. Non, si elle était une chanteuse ou une actrice, elle aurait des gardes autour d'elle. Et puis, elle dormirait la nuit. Ou alors, elle serait en concert. Ou même poursuivie par des fans en folie.

Ca ne collait pas. Kasumi éloigna cette idée de ses pensées. Mais il restait l'hypothèse qu'elle soit recherchée par la police. Le jeune homme retint un frisson. Elle aurait tres bien pu commettre un crime... Ou meme, s'etre échappée de prison. Souvent les gens les plus banals étaient les plus dangeureux. Il secoua la tête. Mais non. Il se trompait encore. Il l'avait rencontrée pour la premiere fois à un poste de police. Kasumi n'imaginait pas une proie se jeter dans la gueule de son prédateur, qui la laisserait repartir.

Il secoua de nouveau la tête, et son regard amusé se posa sur la jeune fille. Elle n'avait pas bougé. Elle aussi semblait troublée. Kasumi se demanda quels terribles secrets elle cachait. Par contre, il se refusa d'imaginer n'importe quoi cette fois ci. Le jeune homme recula d'un pas, et il s'assit dans l'herbe. La lune était haute, et bientot il devrait rentrer. Mais il ne fit pas attention à ce léger probleme. Il attendit que la jeune fille s'assoie à ses côtés, et enfin, il la regarda. Puis lui sourit. Il décida de lui parler franchement, et s'il se trompait, ce ne serait qu'un malentendu. Pourtant, il était sur de ne pas se tromper quand il lui demanda de lui parler de ses problèmes...

Il sourit encore, et rajouta :

"Imagine moi comme un ..."

Il hésita. Il aurait voulu lui dire de l'imaginer comme un frère, mais si la jeune fille avait des problemes qui venaient de son frère, il ne valait mieux pas se présenter ainsi. Alors, il prit un ton doux, et continua sa phrase sans hésiter.

" Comme un ange qui serait là juste pour toi... "

Car cette nuit, il était en effet resté juste pour elle. Rien d'autre ne le retenait ici, dans ce parc, cette nuit. Sauf peut etre... le chat. Kasumi le regarda, et la petite bete vint en trottinant vers lui. Il sourit. Puis le prit dans ses bras, et il le caressa avec douceur et respect. Le chat ronronna. Kasumi attendait. Il avait tout son temps. Il ne voulait juste que la vérité.

Kasumi tenait le chat délicatement entre ses mains aux longs doigts dont il caressait le petit etre aux doux poils qui se tenait sur ses genoux. Le félin ferma les yeux, et il commenca à ronronner. Le jeune homme sourit furtivement. Puis il regarda Minaky. La jeune fille le dévisageait avec un air sérieux de concentration. Kasumi s'étonna, puis il comprit qu'elle essayait de l'imaginer avec des ailes. Il lui sourit pleinement cette fois, bien que dans le noir où ils se trouvaient elle ne devait pas voir grand chose, il essayait lui aussi de s'imaginer avec des ailes. Ce qui le fit encore plus rire intérieurement, alors qu'il resta calme face à la jeune fille.

* Hahaha... Moi avec des ailes... Je n'ose même pas imaginer *

Il trouvait ca si drole. Mais pourquoi avait il dit ca ? Il avait une fois de plus suivi ses impulsions, et voila ou ca le menait... Alala. La jeune Minaky allait surement lui exploser de rire au nez. Kasumi baissa les yeux. Comment allait elle réagir ? Il avait deja honte rien qu'en imaginant la jeune fille se moquer de lui. Ses yeux noisettes fermés, sa petite bouche en un grand sourire, et ses cheveux qui voleraient au rythme de ses eclats. Kasumi, ayant baissé les yeux, voyait le chat. Le chat était rayé noir et gris, comme un chat normal. Mais sa fourrure avait un effet bizarre. Le jeune homme regarda mieux. Mais oui ! On aurait dit qu'il était noir rayé de gris. Bizarre... Mais ca lui allait bien. Surtout quand le jeune félin, sentant qu'il était observé, releva le regard vers Kasumi. Ses yeux étaient verts ... Le jeune homme resta le souffle coupé. Il n'avait pas fait attention à la beauté du chat avant, et cela le surprenait. Le félin, plissa légèrement les yeux, comme s'il trouvait l'étonnement de Kasumi amusant. Puis il sortit un petit buot de sa langue rose, et lécha la main du jeune homme. Qui sentit la langue rapeuse du petit chat sur sa paume. Il sourit. Kasumi était content d'avoir demandé à l'adopter. Soit ce chat était fantastique, soit il n'avait jamais fait attention à la beauté des félins...


Minaky ne lui avait pas répondu à sa demande de lui parler de ses problèmes... Il allait se répéter, lorsqu'elle parla. Sa voix basse, son ton triste, tel un murmure le firent se taire immédiatement. Il écouta la jeune fille lui dire qu'elle ne croyait pas aux anges. Elle ne l'avait pas regardé , comme si elle cherchait à eviter son regard, de peur qu'il fasse quelque chose. Kasumi se dit que peut etre elle n'avait pas apprécié son étreinte de tout à l'heure. Car en plus, elle se tenait à distance de lui maintenant.

Puis elle rajouta, avec un petit sourire, ses yeux cherchant toujours à éviter Kasumi, que des ailes lui iraient bien. Le jeune homme se sentit gêné. Pourquoi avait elle dit ca ? Il faillit lui demander, mais il crut d'abord à une plaisanterie. Il attendit, pour voir si elle allait se retourner, le sourire aux lèvres, et crier qu'elle rigolait. Mais non, le silence se prolongea jusqu'à en devenir palpable et agaçant. Seul le ronronnement irrégulier du chat de Kasumi les tenait en éveil. Le jeune homme ne savait plus quoi dire. Et il pensait que maintenant c'était à la jeune fille de lui faire part de ses problèmes. Il commenca à s'échauffer intérieurement, concentrant ca colère petit à petit, mais il se rappela que la dernière fois qu'il s'était mis en colère, il avait quitté la jeune fille sans rien dire. Il soupira, mettant sa fureur de cote. Pourquoi ne lui disait elle rien ? Le pensait elle trop bete ? Ou immature pour partager ses problemes ? Dans tous les cas, elle se tromperait. Kasumi essaya de se controler. Le chat, sentant dans les caresses de plus en plus rapides de Kasumi sa colère montante, sortit de nouveau sa petite langue rose. Et il lécha de nouveau la main de Kasumi. Qui ne sentit vraiment rien, trop occupé à essayer de déchiffrer le comportement mystérieux de Minaky. Le chat lui même s'irrita de ne pas avoir été entendu. Alors il mordit vivement la main du jeune homme. Qui le sentit. Il ne dit rien, mais eut un sursaut. Sa main lui faisait un peu mal, et de plus du sang commencait à perler petit à petit des petits trous laissés par les dents pointues du petit chat. Ce dernier, fier de lui, ayant ainsi évité un nouveau départ en furie, et même un accès de colère du jeune homme contre lui même se leva agilement et descendit royalement des jambes de Kasumi qui se tenait la main blessée.

Le chat s'assit un peu plus loin, et de plus, il sentait que la jeune fille qui le comprenait avait remarqué la blessure du jeune homme, qui s'évertuait à comprendre. Il ne comprenait plus rien. Même le chat ne l'aimait pas, maintenant. Il se demandait néanmoins pourquoi il l'avait mordu, sans se rendre compte que cela lui avait remis les idées claires, et la colère à zéro. Kasumi regarda Minaky. Et il vit qu'elle avait compris ce qui était arrivé à sa main. Le jeune homme pesta intérieurement. Il espérait qu'elle ne viendrait pas pour le soigner. Il ne voulait dépendre de personne... Mais ...

Kasumi sourit. La jeune fille semblait avoir compris comment il fonctionnait. Elle lui tendit un bout de son mouchoir, de loin, sans bouger, comme si elle faisait ca nonchalament, et comme si elle ne voulait pas aider Kasumi, mais sans le laisser tomber quand même. Le jeune homme releva la tête. Il remarqua que la jeune fille tenait le mouchoir du bout des doigts, et son sourire s'étira. C'était vrai qu'il ne souhaitait pas le contact physique. Du moins, lorsqu'il avait rencontré Minaky pour la première fois, au poste de police, il était en plein chagrin d'amour. Il avait alors une profonde tristesse et les éléments susceptibles de lui rappeler Arisa lui étaient alors insupportables. C'est pourquoi il avait cherché à limiter les contacts entre lui et la jeune fille lors de leur première rencontre au commissariat.

Mais les choses avaient bien changé maintenant. Car si Kasumi commencait lentement à oublier son ancienne fiancée, c'"était l'envie et le désir de séduire qui recommencaient à fleurir en lui. C'était une explication au sentiment qui l'avait poussé à etreindre la jeune fille dans ses bras lors de leur deuxieme rencontre ce soir dans le parc aux cerisiers. On pouvait vraiment dire que ce soir il avait recherché le contact avec elle, mais que, à la suite des évènements, il était passé par la colère, l'apitoiement, l'incompréhension, la tristesse, et maintenant la douleur.

Le regard de Kasumi revint sur sa main qui continuait de saigner. Il sentait la douleur qui commencait à infiltrer lentement mais surement ses doigts, les uns après les autres. Mais son esprit n'était pas focalisé la dessus. Il pensait à comment il devait réagir. Il se demandait pourquoi elle lui tendait un mouchoir... Avant de comprendre que c'était pour panser ses blessures. Au début, il voulut refuser car il risquait de la salir, avec son sang, bien qu'il n'en coula que tres peu. Mais lorsqu'il vit que la jeune fille insistait, ne bougeant pas, il avança sa main non blessée, se pencha un peu car elle était loin, et dans une extension forcée il saisit le morceau de tissu. Sa main rencontra malgrès les précautions prises par Minaky la peau douce de la main de la jeune fille.

Il voulut tout d'abord retirer sa main, s'étonnant du sentiment qui naissait en lui à cette simple imprévue. Il attendit un bref instant comme ca, se demandant si elle sentait son contact, ou si elle faisait semblant, ou si elle ne sentait pas. Puis elle essaya de regarder Kasumi, mais le chat, pour on ne sait quelle raison, sauta sur elle de facon à l'empecher de regarder le jeune homme. Kasumi profita de ce petit moment pour retirer sa main, et emporter le mouchoir, qu'il appliqua en un bandage sur sa main souffrante.

La lune avancait toujours plus dans la nuit, mais Kasumi ne regardait pas la lune en ce moment. Il avait pansé sa main, et il se leva, pour s'asseoir juste à côté de Minaky. Puis il se demanda s'il devait la remercier. Car elle l'avait aidé. Mais il ne lui avait rien demandé. Justement, et elle l'avait aidé. Kasumi, indécis, garda le silence, prolongeant par ailleurs l'infini silence qui s'était installé depuis que le chat s'était mis en retrait, leur coupant un des sujets principaux de leur conversation.

Kasumi regarda à ses côtés, se questionnant sur ce qu'elle faisait. Son regard était curieux, et ses yeux s'agrandirent d'étonnement lorsqu'il vit Minaky.

(Comme tu veux, je peux changer la fin)

Kasumi remarqua, étonné, qu'elle le regardait. Il était surpris car il n'avait jusqu'alors décelé aucune curiosité de la jeune fille envers sa personne. C'était toujours le jeune homme qui cherchait à savoir des choses sur Minaky, et non l'inverse. Et puis, ses yeux rencontrant le regard caramel de la jeune fille, il se sentit gêné d'avoir été pris sur le fait, et baissa les yeux, détournant rapidement le regard. Il vit néanmoins, pendant qu'il tournait la tête, que la jeune fille en faisait autant de son côté. Un faible sourire illumina le visage de Kasumi alors qu'il fixait un peu trop intensément pour paraître vrai le sol, l'herbe, les pétales de fleurs de cerisiers, tout ca quoi.

Le silence qui s'était installé, fut rompu deux petites minutes après par la voix de la jeune fille qui flotta légèrement dans l'odeur des cerisiers. Elle lui dit qu'il pouvait garder le mouchoir. Kasumi regarda alors sa main enmouchetée. C'était vrai que le mouchoir commençait à être taché de rouge sombre. Pour l'instant la tache n'était pas trop étendue, mais le jeune homme pressentait que même dans ces conditions ce ne serait pas poli de rendre ce bout de tissu à sa propriétaire.
Il fut donc soulagé qu'elle lui dise qu'il pouvait le garder, et qu'elle en possédait beaucoup. Il observa qu'elle avait dit qu'elle en avait plein, ce qui l'étonna un peu. Enfin, il commençait à fatiguer un peu, et son esprit n'avait plus la force de faire des suppositions sur les activités de la jeune fille qui nécessitaient beaucoup de mouchoirs. (Jonglage de mouchoirs, infirmière, mère avec beaucoup d'enfants... XD j'en ai plein, mais la Kasumi est trop fatigué pour tout penser. Quel dommage -on dirait presque que ce n'est plus moi qui écrit xD- ...)

Il voulait la remercier, mais elle lui coupa la parole, toussant, s’attirant ainsi un regard inquiet de Kasumi, puis elle lui reparla de nouveau. Elle lui posa plus précisément une question, et encore plus précisément, sur le fait qu'il commençait à se faire tard (ou tôt aurait elle put dire, vu que la lune était déjà du côté opposé a l'endroit ou apparait le soleil) En effet Kasumi était un peu fatigué, et il sentait sa tête devenir de plus en plus lourde et ses pensées s'emmêler subtilement. Mais c'était juste le début de sa fatigue, donc il restait normal et à l'écoute de la jeune fille. C’était vrai que la nuit était bien avancée, et Kasumi pensait d’abord à la jeune fille. Etait ce normal que ce soit l’inverse qui se produise ? Qu’une lycéenne s’inquiète pour lui, qui était adulte, et dans la vie active ? (depuis peu, c’est vrai, mais il avait un travail au Cat’s Eye et des responsabilités tout de même)

Il était reconnaissant à la jeune fille de lui avoir rappelé qu’il devait partir, mais alors qu’il se préparait à se lever elle lui dit brusquement qu’elle ne voulait pas qu’il s’en aille. Kasumi la trouva un peu contradictoire dans ses propos, ce qui le fit sourire. Il tourna la tête et se rendit compte qu’elle le fixait dans les yeux. Son regard était décidé, et indiquait son obstination ce qu’il reste avec elle. La jeune fille n’avait jamais été aussi entreprenante, ce qui fit s’élargir le sourire du jeune homme. Il ne dévia pas le regard cette fois, profitant pleinement des étoiles qui scintillaient dans les yeux de la jeune étudiante assise à ses côtés dans l’herbe tendre. Ils étaient seuls dans la nuit, perdus au beau milieu d’un parc, et personne ne savait qu’ils s’y trouvaient.

Kasumi se sentit un peu plus à l’aise en pensant que personne ne pouvait les voir se regarder ainsi, mais il sentit alors juste à ce moment là le regard brulant du chat juste le frapper juste entre les deux épaules, dans son dos. Il se retourna, et vit en effet que le chat le regardait d’un air désapprobateur, comme s’il avait deviné les souhaits de Kasumi. Le jeune homme l’attira alors à lui, utilisant du mieux possible sa main bandée, et il l’assit sur ses genoux. Le chat le piétina quelque peu avant de se coucher sur lui. Durant ce temps, la jeune fille avait baissé la tête et un air niais se peignait sur son visage. Le jeune homme fut de nouveau surpris par son attitude. Il pensait que son comportement (à lui) était déjà le pire et le plus instable possible, mais il découvrait quelqu’un par hasard qui avait les mêmes problèmes de contradictions intérieures que lui. Il sourit, sa main saine gratifiant le chat de gratouilles sous la gorge.

Minaky s’excusa devant lui de son impolitesse, et Kasumi en fut attristé. Il avait au contraire été heureux lorsqu’il s’était rendu compte que la jeune fille portait de l’intérêt à ses occupations. Mais ses idées continuaient de s’embrouiller, sa tête devenait de plus en plus lourde, de même que ses paupières, et le jeune homme avait vraiment envie de dormir. La journée de travail qu’il avait eue l’avait stressé à un haut point mais la rencontre de cette nuit l’avait calmé, de sorte que toute la fatigue accumulée retombait sur ses épaules d’un seul coup. Kasumi soupira. Il allait devoir rentrer. Même si Minaky le suppliait de rester... Cela le rendait triste tout de même. Et une idée germa dans son esprit. Il se leva, se plaça devant la jeune fille assise dans l’herbe, se baissa pour arriver au niveau de sa tête, et il s’autorisa poliment à poser une main (sa main non blessée) sur les épaules de la jeune fille. Il sentit qu’elle frissonnait de froid. C’est vrai qu’au milieu de la nuit, la température chutait... Enfin, Kasumi se concentra sur ce qu’il avait à dire :

« Non, tu as raison, je vais devoir partir. »

Il lui sourit chaleureusement, comme pour atténuer la mauvaise nouvelle. Puis il s’accroupit, et lissa de sa main le col de l’uniforme scolaire que Minaky portait. Il faisait toujours cela lorsqu’il se préparait à annoncer quelque chose et qu’il n’avait pas confiance en lui. Il inspira un bon coup, puis reprit la parole.

« Mais j’ai entendu qu’il y allait y avoir une fête foraine... Pourquoi ne pas y aller ensemble ? »

Minaky avait l'air contente et elle rit pendant un court instant. Kasumi sourit. Il aimait déjà son rire aux consonances enfantines. Puis ensuite la jeune fille retira doucement la main du jeune homme de son épaule. Kasumi bascula, et se redressa, de ce fait se relevant.

Minaky ne bougea pas, mais elle prit la parole. Sa voix était douce mais Kasumi y percut une once d'inquiétude. Il ne dit rien, se concentrant sur ses paroles. Elle venait de lui dire, comme dirait une personne saine d'esprit à un fou, qu'il ne savait pas ce qu'il venait de dire. Kasumi, vexé, voulut s'écrier qu'il savait tres bien ce qu'il faisait, mais si elle le soupconnait d'etre en quelque sorte saoul ou trop fatigué pour en répondre, il fallait plutot se faire discret. De toute facon, le corps du jeune homme n'aurait pas réagi. Kasumi sentait en effet qu'il commencait à s'engourdir. Le froid devenait un peu moins effectif sur lui. Il remarqua alors que Minaky tremblait de froid. Peut etre devrait il lui passer sa veste ? Encore une fois il resta immobile, l'esprit dans le doute.

Puis la jeune fille lui fit un test. Elle agita sa main devant le jeune homme, pour vérifier qu'il était toujours en vie. Le regard de Kasumi, alors fixé au loin, revint rapidement, et difficilement sur la jeune fille qui semblait très adulte ce soir. Kasumi secoua de nouveau la tête, et ses idées s'éclaircirent de nouveau. Il sourit d'un petit sourire absent. Il se répétait intérieurement que qu'elle accepte ou non, il devait vite rentrer chez lui. Sinon, il allait tomber de fatigue dans la rue. Déjà son corps vacillait. Il allait penser à partir immédiatement lorsqu'il entendit la voix de la jeune fille. Son regard s'illumina alors que ses prunelles bleues revenaient de nouveau sur elle. Elle parlait encore...

La jeune fille lui dit d'un ton impulsif qu'il devait se lever, se reveiller. Kasumi avait encore en effet un petit air absent. Puis elle lui sortit une phrase assez complexe que l'esprit ensommeillé du jeune homme ne retint pas tellement. Il se demandait juste pourquoi elle se comportait comme ca envers lui. Pourquoi cette jeune fille se sentait le besoin de lui dire de se reveiller ? Quelqu'un de normal ne serait il pas parti, laissant Kasumi seul dans la nuit, sans se soucier de lui ? A moins qu'elle ne se soucie du chat... Mais oui elle devait s'inquieter pour le chat. Pourtant, il ne semblait pas inquiet, et les fixait toujours de ses prunelles ou luisait une lueur d'impatience cette fois ci.

Puis elle meme se leva et elle se rapprocha de Kasumi. Sans doute pour le rattraper s'il tombait de fatigue... Le jeune homme savait qu'avec cette jeune fille, il n'était pas considéré comme quelqu'un d'interessant. C'est ce qui lui donnait d'une part l'envie de se rapprocher d'elle. Mais il resta statique, son corps refusant toujours de bouger.

Kasumi secoua la tête une nouvelle fois, puis il parla, sans toucher ni se rapprocher de la jeune fille. Son ton était empreint d'une petit inquietude, et son interrogation prenait une intonation enfantine lorsqu'il s'enquit :

"Je t'attendrais... Mais toi, viendras tu oui ou non ?"

Ce qui exprimait sa droiture d'esprit. Il n'avait pas invité Minaky par erreur, mais parcequ'il sentait que ce moment allait bientot se finir, et de plus il voulait la revoir un jour, et en avoir l'assurance. Et si en plus il pouvait passer un bon moment avec elle, pourquoi pas. C'est pourquoi il l'avait invitée à la fete foraine. Kasumi n'aimait pas tellement ce genre de festivités, mais il pensait qu'elle devait apprécier. Sinon, ils pouvaient toujours convenir d'un autre lieu de rendez vous... Enfin, il attendait sa réponse pour l'instant. Chaque parcelle de son corps était tendue alors, espérant qu'elle ne refuserait pas.

Voyant qu'elle ne répondait pas, il rajouta, au cas ou elle le prenait vraiment pour non responsable de ses actes et paroles :

"Je suis parfaitement sain d'esprit, tu sais... C'est juste que j'ai envie de te revoir..."

Kasumi se sentit beaucoup mieux lorsqu'elle lui répondit en lui demandant où ils pourraient se revoir. C'etait comme une acceptation de son invitation, comme un oui... Un oui indirect. Enfin, c'était toujours mieux que non, même si le jeune homme aurait préféré l'entendre dire oui.

*Mais on a seulement ce qu'on mérite...* pensa t'il avec tristesse et fatigue mêlées.

Ce qui étonnait par ailleurs Kasumi était qu'elle mette du temps à repondre, et qu'elle ne réponde pas d'un ton tres enthousiaste. N'était ce pas elle qui tout à l'heure lui avait demandé de rester en s'accrochant à son pull ? Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle se montrait si attachée à rester avec lui un instant, et puis juste ensuite elle s'acharnait à le faire attendre en ne lui répondant que par évasions. Tout cela s'embrouilla dans la tête de Kasumi, et il décida de mettre ses questions et ses doutes sur le comportement de Minaky de côté un moment, afin de lui répondre.

Elle lui avait demandé où ils pourraient se voir. Kasumi ne connaissait pas la fête foraine, il n'y était encore jamais allé, et tout ce qu'il en avait aperçu, alors qu'il se rendait à son travail au café, se limitait à un cercle géant qui dépassait les immeubles et qu'on apercevait de loin. Il avait cru voir le cercle tourner, mais il n'avancait pas, ce qui se contrariait un peu non ? Il aurait bien aimé savoir à quoi ca servait quand la famille qui se trouvait devant lui dans la rue avait commencé à parler un peu fort, sur un ton de dispute. Kasumi avait, contre lui, écouté. Le petit garçon criait à ses parents qu'il voulait y aller, sans préciser où, comme s'ils en avaient déjà discuté auparavant. Ses parents essayaient alors de le faire taire, mais il courait en rond autour d'eux, criant de plus en plus fort. Kasumi avait entendu dans ses hurlements quelque chose comme "La grande roue" et avait pensé que ca devait etre intéressant, si le petit garcon tenait autant à y aller. Il s'amusait en lui même, suivant la famille dont les parents faisaient à présent semblant de ne pas connaitre leur enfant (celui qui hurlait en courant partout dans la rue).

Kasumi avait du changer de route alors, et n'avait pas pu connaitre la suite de la discussion. Mais dans la journée de travail qui avait suivi cet incident, il avait surpris des morceaux de conversation des clients du Café. Et il avait compris que le cercle géant se nommait la "Grande roue" et que les gens aimaient y aller, et même y monter pour en "faire un tour". Kasumi n'avait pas trop assimilé comment on pouvait faire un tour, mais il se disait que s'il la voyait de près, il comprendrait mieux comment fonctionnait la Grande roue.

C'est pourquoi, se rappelant fugitivement ces quelques souvenirs, Kasumi répondit à la jeune fille :

"Je serais en bas de la Grande roue. "

C'était à son avis un bon point de rendez vous, car en plus, elle se voyait de loin. Tres loin même, se corrigea t'il dans son esprit. En plus, Minaky devait connaitre la grande roue, elle aussi. Et puis, surtout, il ne connaissait pas d'autre endroit dans la fête foraine. C'était quand même l'argument le plus convaincant. Evidemment, il sourit après lui avoir répondu. Puis il rajouta, en prévision de sa prochaine question :

"Vers 21 heures. Désolé, mon travail se finit assez tard, et ..."

Sa voix se brisa, s'éteignant légèrement. Kasumi regardait Minaky dans les yeux. Son regard était si profond... Il n'en pouvait plus parler. La lune accrochait ses rayons de couleur argentée dans les longs cheveux soyeux de la jeune fille, ce qui n'échappa pas non plus à l'attention de Kasumi. Elle était si mystérieuse pourtant... Le jeune homme ne savait presque rien d'elle. Et pourtant, il se sentait une envie de la protéger, une envie de la prendre dans ses bras. Surtout qu'il avait remarqué qu'elle frissonnait depuis toute à l'heure. Il avait envie de lui passer son pull, mais il ne savait pas comment elle réagirait. C'était vrai que toute à l'heure elle lui avait enlevé la main de son épaule, même si elle n'avait pas résisté quand il l'avait étreinte pour l'allonger dans l'herbe plus tot dans la soirée. Il décida de lui demander :

"Hum... Tu as froid ?"

Il lui tendait son pull, sans trop l'approcher, suivant bien ce qu'il avait retenu d'elle cette soirée. Son pull devait être trop grand pour elle, mais ce serait tout de même un peu plus chaud que la tenue légère et non adaptée au froid de la nuit que la jeune fille portait. Enfin, Kasumi attendit qu'elle lui prenne ou non son pull. Il regardait ailleurs, peut etre par peur de voir qu'elle allait lui dire de nouveau non, et l'ignorer.