Ruelles sombres et rencontres inattendues

Akito avait laissé Akira seul quelques instants. Il lui avait demandé de le laisser seul sur un ton auquel on ne réponds pas. Akito avait donc décampé, et de toute façon elle savait sans lui demander ce qu"il comptait faire : il allait voler.

Akito se décida pour un coin de la ville particulièrement sombre, et commença à l'inspecter. Elle se fondait dans les ombres des hauts murs, voyant ainsi sans être vue. L'endroit était calme et personne ne s'y risquait, surtout à cette heure.
La jeune fille leva les yeux. Elle apercevait un petit bout de ciel. Et il devenait de plus en plus foncé. Dans son esprit, elle entendait presque Akira lui demander dans combien de temps la nuit tomberait. Elle fit une estimation de la position du soleil, et pensa très fort :

* Dans une demi-heure la nuit tombera *

Puis, un bruit trop proche à son gout la surprit. Elle jura, puis regarda derrière elle. Un groupe d'hommes à l'air louche avancaient dans sa direction. Elle plissa les yeux. Ils ne l'avaient pas remarquée. Alors, elle se renfonca dans l'ombre, et n'ayant plus le temps de fuir, s'autorisa à se servir de ses pouvoirs. Elle n'aimait pas trop s'en servir pour ca, mais comme Akira n'était pas la , elle se devait de rester en vie par ses propres moyens.

L'ombre de la jeune fille rétrécit rapidement sur le sol, et quand elle sortit de sa cachette, elle était devenue un chat. Un chat blanc aux yeux rouges.
D'un bond agile elle sauta sur un toit, pour pouvoir observer les hommes.
Elle ne se trouvait pas assez haut à son gout, et sauta de toit en toit pour arriver assez haut pour que son regard embrasse une partie de la ville. Elle reporta son attention sur la ruelle. Les hommes arrivaient à sa hauteur. Elle décida de les suivre, et d'un pas léger elle commenca à trottiner sur le toit au rythme du groupe d'hommes.
Ils braillaient très fort, et s'échangeaient de grandes tapes dans le dos. Mais soudain le silence se fit.

Akito fronça les sourcils, et agita ses moustaches,e t fit tourner ses oreilles. Elle s'approcha dangereusement du bord du toit, et réussit à apercevoir des ombres bouger furtivement.

Akito sauta agilement de toit en toit et redescendit sur le plus bas toit, afin de mieux observer les hommes. Ils avaient l'air tendus, et pourtant ne bougeaient plus. Ils avaient bloqué leur respiration, et s'étaient dispersés dans les diverses ombres de la ruelle. Akito regarda au loin, cherchant la cause de leur agitation soudaine. Et elle la vit.

Une jeune fille aux cheveux noirs marchait d'un air assuré et joyeux vers l'embuscade. Elle ne pouvait pas l'avoir remarquée, vu de son angle de vue. Akito serra les dents. On verra bien ce qui se passera.

Suzuka se promenait, comme à son habitude, le soir dans cette partie de la ville, trés sombre, où elle passait d'habitude pour ses assassinats. C'était comme un rituel... Elle marchait depuis cinq minutes et avait très distinctement entendu des voix, des souffles, et des tensions. Elle savait ce qui allait arriver. En fait, elle n'attendait que ça...

Tout à coup, sur un ordre bref et clair, deux personnes se retrouvèrent sur elle, avec couteau, sabre et sourire en coin sur les lèvres. Elle esquiva les coups, se mit légèrement en hauteur et arracha sa veste et sa jupe. Ses gants luirent ainsi que son médaillon à la lumière de la lune qui venait de percer entre les nuages épais. Tout de suite après, son chat noir, Umi, fit une entré théatrale, ne se pressant pas et observant le spectacle qui se dressait devant lui. Il aimait beaucoup voir sa maîtresse combattre. Il était venu car ce soir, il y aurait certainement des morts...

Suzuka s'amusait avec les deux bandits, esquivant un coup, en donnant un autre, tout ça avec une rapidité fulgurante. Une troisième personne apparut, puis une quatrième... La bataille continua ainsi pendant un moment... Puis un des bandit réussit à la toucher. Elle sauta sur la côté, essuya le filet de sang qui coulait de sa bouche d'un revers de manche et replongea dans la bataille.

*Bien, je vais pouvoir passer au niveau supérieur...* se dit-elle joyeusement. Son sourire s'élargit à voir encore d'autres personnes arriver dans la bataille. Le goût et l'odeur du sang la stimulait toujours autant... Pendant un instant, alors qu'elle achevait un homme, elle crut apercevoir des yeux écarlates qui l'observaient. Mais cette chose n'avait pas l'air dangereuse, elle essuya donc sa petite lame, et coupa la gorge à un autre homme qui s'apprêtait à l'étouffer...

Akito sentit son sang bouillir lorsqu'elle vit la jeune fille entrer en combat avec le groupe d'hommes. En tout cas, s'ils n'avaient pas été plus nombreux, le combat n'aurait pas duré aussi longtemps.
Le chat qu'était devenu Akito ne tressaillit pas quand la fille qui se battait croisa son regard. Non, Akito ne frémit même pas. Car Suzuka l'avait ignorée.

Elle s'irrita un peu, mais la joie de voir un grand combat se dérouler devant elle l'emporta sur sa colère. Alors, elle se lécha une patte, puis la passa derrière son oreille.

Elle avait remarqué un chat noir depuis quelque temps. Il semblait appartenir à la jeune fille, alors Akito s'en désinteressa quelque peu. Elle reporta de nouveau son attention sur la bataille, et vit que la jeune fille avait été touchée. Akito se lécha les lèvres. Elle n'aimait pas tellement l'odeur du sang, mais quand elle se transformait en félin, cette odeur lui montait à la tête.

La jeune fille se battait bien, mais les hommes étaient beaucoup plus nombreux en nombre, de ce fait, elle s'épuisait, alors qu'ils tentaient une nouvelle attaque, la fille se baissa et un éclat doré attira l'attention d'Akito. L'oeil d'un chat est parfaitement aiguisé, tout comme ses griffes, et Akito saisit le moindre relief du pendentif doré qui pendait au cou de la jeune fille.

Elle sourit intérieurement. Un pendentif comme ca devait valoir cher, au moins une nuit à l'auberge. Elle pensa à Akira. Et se décida.
Elle sauta agilement, et se fondit dans l'ombre d'un repli de mur. Son ombre grandit sur le sol. La jeune fille époussetta ses vêtements. Puis elle leva les yeux : le ciel était bleu. La lune brillait faiblement, atténuée par les lueurs de la ville. Akito sourit. Elle avait prévu juste, une fois de plus.

Puis elle toucha sa poche. Un coutelas, une cordelette, quelques poisons... tout y était. Elle sortit le poignard, se préparant à se jeter dans la bataille. Elle fit passer son doigt sur le fil de la lame. Parfait.

Akito se jeta dans la bataille. La fine lame de son poignard sectionna quelques tendons, et plusieurs hommes autour d'elles s'effondrèrent, incapables de bouger leurs jambes. Ils essayèrent, une fois la surprise passée, de happer les pieds de la fillette, mais elle sauta vivement, et, tranchant toujours soit des nerfs, soit des tendons, elle se fraya un passage jusqu'à la fille au pendentif. L'éclat d'or brilla furtivement, et Akito , derrière la jeune fille, passa la main à la hauteur de la nuque de la fille. Personne n'avait pu voir son mouvement, et la jeune fille ne pouvait pas l'avoir senti. Akito, repartit en courant, toujours aussi légère, le pendentif serré dans son poing.

Alors qu'elle était en plein combat, une aide bizarre et inattendue surgit alors de l'ombre. Une petite fille, agile et furtive se frayait un chemin jusqu'à elle en coupant nerfs et tendons. Les hommes autour de la jeune fille s'effondraient un à un, mais pouvaient, même à terre, toujours se défendre. Il lui suffisait de faire attention à ses pieds et être plus agile qu'eux...

Elle avait remaqué que la fille était aussi agile qu'un félin...

La bataille devenait de plus en plus intensive, les hommes étaient trop nombreux, il fallait absolument qu'elle trouve le chef de la bande, et le tuer. Scrutant chaque visage qui passait devant elle, et scrutant chauqe technique de combat, elle essayait de déterminer le chef potentiel. Une légère crainte l'assaillit : Et si le chef n'était pas là et qu'ils avaient décidé de leur chef de se battre?.. Non, impossible, la stratégie était assez bien arrangée... Caché quelque part derrière eux?? Mais où?? Elle décida de prendre plusieurs directions aux fils des coups. Elle sentit plus de résistance vers un mur où l'ombre était plus épaisse.

Sans aucune hésitation, elle se fraya un chemin vers ce mur. Pour couronner la mort de ce chef, elle prit son médaillon...qui n'était plus là.

D'un coup, elle visualisa la scène, la fille le lui avait volé. Elle s'était bien débrouillée... Les yeux de Suzuka s'agrandirent démeusurément, le cuir de ses gants grinça en se serrant plus sur sa lame... Elle devint comme folle. Elle pensa juste :

*Dernier Baiser...*

Tout autour d'elle se mit à se passer au ralenti, le chef se trouva plus près qu'attendu et elle le tua sans que même une gerbe de sang ne vienne s'ajouter à la mare qui s'élargissait aux pieds des combattants.

Elle avait à peu près repéré l'endroit vers lequel la petite fille s'était enfuie. Décimant tout sur son passage, ne sentant plus la douleur, elle s'élança vers cette direction...

Sur le toit, le chat noir avait l'air de sourire de toutes ses petites dents : Le meurtre le plus important de cette nuit allait arriver...

Akito courait toujours, ses pieds effleurant à peine le sol, le pendentif serré dans sa petite main d'enfant. Ses cheveux blancs, coupés court, flottaient dans l'air à sa suite...
Elle leva les yeux vers le ciel. La lune étincelait à présent, cachée de temps à autre par un nuage nocturne. Elle reporta son attention sur la route, et s'apercut qu'elle était arrivée à un croisement. Elle regarda derrière elle. La fille à qui elle avait volé le médaillon la coursait. Sa respiration s'accélèra un peu, et elle s'engagea au hasard dans une ruelle sombre.

Le rythme effrené de sa course la tenait à distance de sa poursuivante. Akito réfléchit à sa situation... Elle courait au hasard des rues, s'enfonçant toujours plus dans la sombre ville.

* Je ne devrais pas courir aussi vite...*

Elle se retourna, et vit que sa poursuivante la regardait d'un air sure d'elle. Akito se retourna assurée. Et se trouva nez à nez avec un mur trop haut pour le sauter. La poursuivante arrêta de courir, et marchait désormais vers elle. Akito, trop effrayée, ne pensa pas à se métamorphoser.

C'était dommage, car si elle y avait pensé, elle se serait tirée de ce mauvais pas sans problème. Akito, maintenant sure qu'elle allait mourir, regardait le médaillon dans sa main. Puis elle leva les yeux au ciel. La lune la regardait, toujours aussi blanche, toujours aussi impassible. Ses rayons se reflétaient dans les cheveux blancs d'Akito. Puis une larme coula le long de la joue de la petite fille. Elle s'assit, ferma les yeux, et mit ses mains devant sa tête, en prévention du coup fatal qu'allait lui asséner la jeune fille.

La fillette s'était assise, et se protégeait, dérisoirement, plus par peur que pour se défendre... Elle vit une larme tomber sur le sol, et s'écraser avec un bruit mat.

Suzuka était fatiguée après le combat qu'elle venait de mener. Elle se demandait quel moyen trouver pour que la petite fille lui rende son pendentif sans trop de combat....

Il y avait toujours l'option de se battre avec la colère que le vol de son médaillon avait provoqué. Mais, grâce à la fatigue, et à la tristesse qu'elle éprouvait en n'ayant plus son bijou, elle décida de l'émouvoir.

*Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui raconter?*

Elle décida, d'abord, de lui mentir, mais comme l'enfant croyait sincérement qu'elle allait mourir, elle se résigna à lui raconter son vrai passé, sa vraie histoire....

Elle ne savait pas trop où commencer et se sentait un peu mal à l'aise. Puis, finalement, elle prit une inspiration et dit :

"Tu me le rends s'il te plait?? Tu sais, c'est une chose très importante pour moi, je pourrai faire beaucoup pour le récuperer. Si tu veux, je veux bien te raconter son histoire..."

Voyant que la fillette ne bougeait pas, elle décida de continuer :

"Ce médaillon a appartenu à la personne que j'aimai le plus au monde, mais, lors d'un cruel combat, elle se fit toucher. Le jeune homme ne s'était pas pas encore déclarer, mais nous savions tous les deux que nous nous aimions. Je faisais partie de la bataille, mais pour moi, le temps s'était arrêté. Ne sentant plus rien à part la douleur de mon coeur, je me suis précipité pour voir si on pouvait le soigner... En souriant, il me dit 'Ne pleure pas...tout va bien, je sais que tu m'aimes....' Il m'offrit alors ce pendantif, m'affrimant que c'était son amour qu'il avait enfermé dedans, il rajouta alors :'Essaie de ne pas le perdre' avec un pauvre sourire. "

Ses yeux brillaient de larmes qui commençaient à couler...

Akito avait progressivement relevé le regard. La jeune fille commença à pleurer, et Akito sentit aussi le flux de larmes l'envahir...

Akito se releva lentement. Elle ne tremblait plus. Elle était émue, et leva de nouveau les yeux au ciel. La lune n'avait pas changé. Elle pensait que de là où il était, Akira pouvait observer la même lune. Akira... Il devait s'inquiéter pour elle, car il était déjà tard. Elle aurait du rentrer depuis quelque temps.


* En fait, nos histoires sont semblables ...*

Elle aussi avait quelqu'un à qui elle tenait plus que tout, et si jamais on avait osé lui faire du mal, elle aussi aurait réagi de la même façon. Akira était en effet son frère, et même plus qu'un frère pour elle...

Akito avait la gorge nouée. Elle ouvrit son poing, et le médaillon luit faiblement à la clarté de la lune. Elle était surprise de découvrir que certaines personnes attachaient beaucoup d'importance à des objets anodins, juste en mémoire de quelques souvenirs... Akira n'était dans le coeur d'Akito pas symbolisé par un objet, mais elle comprenait ce que pouvait ressentir la jeune fille. Alors elle saisit le pendentif par sa chaîne, qui glissa agréablement sur sa peau. Puis elle s'avança de quelques pas vers la fille, et lui tendit son amour perdu.

Suzuka avait réussi. Elle avait pu retrouver son médaillon sans combat.

Elle ne lui avait dit qu'une part de la vérité. Le jeune homme en question n'était pas son fiancé en fait, ni celui qu'elle aimait. C'était son mailleur ami, mais une grande amitié les avait liés...

Elle le prit de la main tendue de la fillette et s'affaissa légèrement. Sa bataille l'avait vraiment épuisée. Elle prononça un faible

"Merci..." qui signifiait 'merci de me l'avoir rendu, et merci de m'avoir comprise.' Elle remit son précieux bijou contre son coeur.

Elle pensa que comme la petite fille était obligée de voler, elle n'avait certainement pas où aller... Elle se dit que puisque elle l'avait comprise, elle décida de l'inviter chez elle, et de lui demander à son tour de raconter son histoire...

Akito entendit sans répondre le "merci" de la jeune fille. Elle commencait à l'apprecier un peu. Mais bon, elle n'aimait pas trop créer des liens avec les gens, car à chaque fois qu'elle avait des amies, soit elles n'acceptaient pas le fait qu'Akito soit métamorphe, soit Akira décidait de partir vers une autre ville...

Pour finir, elle ne les revoyait plus jamais, d'une manière, ou d'une autre.

Mais la jeune fille lui proposa de venir chez elle, et Akito se dit que depuis qu'Akira et elle étaient arrivés par magie dans cette ville, il n'avaient pas bougés. Donc, elle pourrait peut etre créer de nouveaux liens...
Peut etre pas.

Akito regarda la jeune fille. Elle gardait son précieux pendentif autour du cou, en souvenir de quelqu'un qui était mort... Akito souffla. Puis elle repartit dans ses pensées.
Akira lui en voudrait de ne pas etre rentrée ce soir. Mais peut etre que si elle demandait à la jeune fille d'accueillir son presque-frère, elle ne voudrait plus du tout l'inviter. C'est vrai que pour quelqu'un de bonne condition, inviter une enfant trouvée dans la rue relevait déjà du miracle, et cette fille n'était pas assez folle pour inviter deux voyous chez elle.

Pourtant, Akito esperait qu'elle soit assez folle pour ca...

*De tout mon coeur* se surprit elle à penser.

Elle haussa un sourcil, et passa une main dans ses cheveux. Elle hésitait vraiment... Puis elle demanda finalement, d'un ton le plus poli possible :

"Hey, il faut que je parle à mon..."
Akito hésita une seconde... Devait elle lui parler d'Akira comme son presque-frère ?

*Non... Elle ne comprendrait pas, les adultes sont parfois butés... Si elle me refuse à cause de ca, ... Non, non. Tant pis. Pour elle, ce sera mon frère.*
Elle continua donc, l'air si naturel qu'on ne pouvait soupconner qu'elle mentait, légèrement il est vrai, mais elle mentait tout de même.

"Mon frère. Il faut que je lui demande si je peux venir chez vous, nous sommes très proches, vous comprenez ? "
Akito avait prononcé le "vous comprenez" avec un petit air bien à elle, sure qu'elle ne comprendrait pas... Comme tous les grands... Enfin, les grands qu'Akito avait volés, surtout.

Après une légère hésitation, la fillette lui avait déclaré qu'il fallait qu'elle parle avec son frère. Elle avait l'impression qu'elle aussi lui cachait quelque chose,

*Ou peut-être pas...*

pensa-t-elle

Ou du moins si elle cachait vraiment quelque chose, elle mentait très bien... Elle était d'accord pour les prendre tous les deux chez elle, elle avait assez de place, surtout qu'il y aurait certainemet de l'animation. Un assassin et un voleur ensemble, et elle pourrait s'amuser en compagnie de deux personnes...

Peut-être que son frère était voleur aussi? Pour le moment, elle allait accompagner la petite fille. Elle aviserait sur le moment.

"Pas de problème, je peux très bien vous accueillir tous les deux, comme ça, on pourra bien s'amuser hein?" dit elle avec son grand sourire malicieux.

"Je t'accompagne jusqu'à l'endroit où se trouve ton frère, vous pourrez parler tous les deux, et, en chemin, nous pourrons parler. D'ailleurs, si tu veux bien attendre un peu..."

Elle entreprit alors de fouiller sur elle, dans sa sacoche, si il y avait des bandages, ou quelque chose qui pouvait y ressembler. Elle trouva enfin un rouleau de compresses, et les appliqua rapidemment sur les blessures assez superficielles qu'elle arborait. Elle fit un noeu bien serré, et se revêtant de sa veste, elle commença à marcher dans la direction contraire au mur.

Akito sourit. Tant mieux si elle voulait les accueillir tous les deux. Bien... Cette jeune fille n'était pas encore tout à fait adulte, sinon elle n'aurait pas comprit l'allusion que faisait Akito en parlant de son frère alors qu'elle l'invitait.

C'était évidemment une question masquée. Enfin... Les adultes ne comprenaient pas sa façon de penser, alors ils se montraient réticents, et même parfois violents, agaçés qu'une petite fille leur dise des choses qu'eux même ne comprenaient pas.
Akito souriait dans ces cas la. Car elle même leur rendait leur haine, et leur incompréhension. Elle avait renoncé à comprendre les adultes dès toute petite. Depuis qu'elle avait demandé à un marchand du pain, parcequ'elle mourrait de faim, et que cet homme avait refusé parcequ'elle n'avait pas de quoi payer...

Akito, dans son esprit d'enfant, était sure que tous les adultes étaient pareils : et bien diplomate serait celui qui aurait réussi à la faire changer d'avis sur ce point.
Elle regarda la jeune fille. Une fois revenue à la réalité elle avait commencé à se soigner. Akito approuva son geste. C'était bien de se soigner dès que possible. Mais par contre elle grimaça quand la fille serra ses bandages. Elle croyait que tout le monde savait que pour les plaies superficielles il ne fallait pas serrer les bandages...

Akito avait elle même une étonante capacité de guérison, c'est ainsi qu'elle avait survécu à la pierre que lui avait lancée Akira un jour. Mais quand Akira l'avait emmenée à la bibliothèque, elle avait dévoré tous les livres d'anatomie, tous les livres de survie, et encore bien d'autres choses utiles ou moins utiles... Elle aidait souvent Akira à se soigner maintenant, surtout qu'il se blessait souvent, les soirs de pleine lune.

Aussi, elle se demanda s'il fallait dire à la jeune fille que sa plaie mettrait plus de temps à guérir si elle la bandait ainsi.
Elle haussa encore les sourcils, et se repassa la main dans les cheveux.
Non, elle ne lui dirait pas, elle risquait de mal le prendre... Pourquoi une gamine en saurait plus qu'elle, une jeune fille presque adulte ?

Akito souffla d'un air blasé, étouffant un juron. Ca donnait a peu près ca :

"Pfffptin..."

Elle détestait la mentalité des adultes. Mais elle attendit que la jeune fille finit de bien serrer ses bandages, sans rien dire d'autre. Elle croisa les bras, n'ayant rien d'autre à faire.

* Je n'aime pas tellement dépendre de quelqu'un * songea t'elle en regardant la fille qui commencait à repartir pour sortir de l'impasse.

Akito la suivit, la rattrapa, et commenca par lui dire, d'un air vraiment enfantin, comme si la fille compréhensive, mature et réfléchie de tout à l'heure n'avait jamais existé :

"Hey, comment vous vous appelez ?"

Elle ouvrit grand ses yeux rouges, et son visage prit un air mignon de petite fille curieuse.

Suzuka sourit quand la fillette lui posa la question :

"Hey, comment vous vous appelez ?" .

Elle lui rappelait elle-même, demandant tout le temps, d'abord, le nom des personnes. Elle vit bien le changement d'attitude de cette dernière. Elle aussi, avait donc un grande talent de comédienne?... Elle ne savait pas si elle allait jouer le jeu, mais, sa mentalité l'emportant, et comme elle voulait s'amuser, elle répondit :

"Je m'appelle Suzuka, et toi??" avec un sourire joyeux, en plissant légèrement les yeux.

En fait , elle pensait :

*Est-ce je pourrai lui donner mon Dernier Baiser??*

Elle lui était tout de même reconnaissante pour lui avoir rendu son médaillon. Elle se demandait si, un jour, elle pourrait se faire des amis normaux, et même si ils touchaient le pendentif, elle les pardonnerait...

*Mais non, impossible, pouquoi je ferai ça tout à coup??*

Ca serait contraire à tous ses principes, et à sa mentalité de toujours. Elle voulait voir ce qu'elle répondrait, allait elle s'étonner qur le fait qu'elle n'avait pas de nom de famille??...

Akito sourit encore plus. Ainsi, elles avaient un point commun. L'absence de nom de famille. Alors, Akito répondit :

" Je suis Akito "

Elle n'était pas tellement étonnée que Suzuka n'ait pas de nom de famille. De toute façon, le contraire l'eut plus étonnée. Elle ne s'habituait toujours pas aux gens avec des noms de famille.

*Et puis, franchement, ca ne sert à rien, personne ne les emploie jamais...*
pensa t'elle

Akito se sentait comme avec Akira... Elle avait l'impression que cette personne était là pour la protéger.
Mais en même temps, son statut était bizarre. Ni adulte, ni enfant, elle ne savait pas trop quoi penser de Suzuka. Elle avait l'air gentille, mais cachait peut être son jeu... qui sait, peut etre voulait elle même tuer Akito. Mais la petite fille savait qu'elle ne courait aucun danger, car elle était armée, et se jugeait de taille à combattre Suzuka, qui n'était pas si grande que ca. Peut etre même pourrait elle avoir l'avantage, de par sa petite taille... Elle sourit en pensant à ses capacités de métamorphe. Oui, elle avait cet avantage.

La petite fille continua de marcher d'un pas léger, presque aérien. Ses sourcils étaient revenus à leur place et ses mains tenaient une petite besace de couleur verte mouchetée de gris, couleur qui permettait de la cacher partout. D'ailleurs, Akito avait envie d'acheter une cape de la même couleur : verte feuillage, mouchetée de gris.
Elle sourit en s'imaginant, vêtue de la cape, la capuche rabattue sur la tête... La capuche ? Oui, il y aurait une capuche... une grande capuche qui ne laisse voir que la bouche et dissimule les yeux dans l'ombre.

Mais Akito grimaça soudain. Elle ne pourrait jamais se payer une telle chose, et la voler serait impossible. Les magasins d'habits sont assez bien gardés en général... Et puis, ca ne se trouve pas partout, une cape comme ca. De toute façon, ses vêtements actuels la comblaient.
Elle était vêtue d'une chemise blanche, d'un veston gris piqué à un voyou dans une bataille, et d'un pantalon . Un petit noeud noir lui retenait les cheveux, empechant sa trop longue frange de cacher ses yeux rouges.

Bref, Akito continua de marcher jusqu'à ce qu'elles arrivent à un croisement et trois choix s'offraient à elles. Droite. Devant. Gauche. Elle n'hésita pas, et prit à droite. Elle avait l'habitude de se fier à son instinct maintenant, et puis elle ne savait pas où était exactement Akira.
Alors en marchant, et en continuant à scruter la foule à sa recherche, Akito re-engagea la conversation :

"Et vous faites quoi dans votre vie ? "

Son insolence était même mignonne dans la bouche de cette petite fille ...

Suzuka ne fut même pas étonnéequ'Akito n'ait pas nom de famille, pour elle c'était normal.

Elle observait Akito, qui se dressait devant elle, alors qu'elle était dans ses songes. Petite, agile, et élancée, elle sevait faire une trés bonne combattante. Elle avait grimacé légèrement, puis quand elles arrivèrent à un croisement, Akito s'engagea sans hésitation sur la voie de droite. Suzuka plissa les yeux. Cela lui rappellait son enseignement d'assassin, la première règle que l'on apprend :

*Si tu hésites, tu meures...*

Elle se dit que vraiment, elles avaient de bons points communs, peut-être deviendront elles amies, plus tard. Mais si cela se faisait, ce serait bien, bien plus tard...

Elle arrangea ses gants qui glissaient de ses mains. Elle se souvint qu'elle portait sa tenue noire. Ayant tellement l'habitude de la porter, elle était devenue comme une deuxième peau, légère, agréable et se fondant bien dans la nuit. Elle arrangea par la suite le ruban blanc qui se dénouait de ses cheveux, et qui tombait depuis son combat. Amusée, elle ne put s'empêcher de se comparer avec Akito :

Elles étaient totalement opposées, mais avaient des points communs. Akito avait les cheveux blancs, alors qu'elle, ils étaient noirs. Chacune nouait ses cheveux avec un ruban de couleur opposé à sa chevelure. Leurs yeux même, étaient si on pouvait dire, opposés en couleur. L'une avait le regard écarlate, l'autre, vert flamboyant.

Elle continua à observer Akito, essayant de la classer dans une catégorie de personne qu'elle avait déjà rencontré. En se rappelant presque tous les cas de rencontre, elle se dit qu'elle pouvait la classer dans " enfant ayant pas mal souffert, orphelin et du coup intelligent, très attaché à une personne..." Elle se demandait si son hypothèse était juste ou pas...

Evidemment, après le nom, il fallait demander la profession, ou l'occupation dans la vie, ce que fit imméditement Akito :

"Et vous faites quoi dans votre vie ? " demanda-t-elle avec une insolence qu'elle ne remarquait pratiquement pas, ayant à peu près la même. La conversation avait un ton anodin, et Suzuka, amusée, voulait absolument garder ce ton, quoiqu'elle dise. C'était son défi de la journée, pour jouer encore plus..

Elle voulait lui répondre franchement, cela ne la choquerait certainement pas, étant un voleur elle-même...

"Je suis assassin..." Prononça-t-elle avec un grand sourire malicieux. Ses pupilles brillèrent intensément et se dilatèrent.

"Et toi, tu vis du vol, c'est bien ça?" Continua-t-elle sur le ton de la conversation anodine.

Akito se demanda qui Suzuka pouvait bien tuer, puis après une réflexion intense mais brève, laissa tomber cette question. Elle prit donc l'information sans trop d'étonnement. Suzuka était une assassin. Akito se baladait donc dans la rue, en plein jour, avec un assassin.
Ca aurait pu effrayer n'importe qui, mais elle ne faisait que constater ce fait, sans ressentir de peur. Peut etre était ce parceque la notion de ce qui est normal et ce qui ne l'est pas etait encore inconnue à Akito, qui était elle même métamorphe, et vivait avec un loup garou.

Enfin, la petite fille écouta Suzuka qui avancait une hypothèse. Un sourire attristé étira ses lèvres quand elle entendit la jeune fille lui demander si elle vivait du vol.
Suzuka n'avait pas compris qu'on ne vivait pas du vol. Enfin, elle comprendrait surement plus tard, il faut toujours un peu de temps pour s'habituer aux nouvelles choses...
Akito était partagée entre deux envies. Elle fronça les sourcils, et serra les dents, continuant toujours de marcher. Non, elle ne vivait pas du vol...

C'était différent. Elle volait, elle vivait. Elle se demandait si elle arriverait à expliquer ca à Suzuka... Puis encore une fois elle renonca. Essayer d'inculquer l'art de la Subtilisation à une inconnue était trop dur pour une petite fille. Tant pis, l'assassin ne saurait pas que voler n'est qu'une infime partie de ce que sait faire quelqu'un qui maitrise l'art de la Subtilisation. Car avec cela, va tout le reste : le fait de savoir manger peu, le fait de savoir dormir peu, le fait de savoir se battre, le fait de courir vite, le fait d'être très souple, le fait d'avoir des gestes rapides et précis et d'être sans pitié.
Akito n'était pas sans pitié. Elle refusait cette dernière partie de l'art qu'elle pratiquait. Surement parceque depuis son enfance elle espérait qu'on lui témoigne un peu de pitié.

Finalement, Akito répondit un très vague :

"Oui, si vous voulez, vous pouvez dire ça."

Puis elle leva les yeux aux ciel, s'arrêtant un bref instant. La lune montait toujours plus haut. Il fallait qu'elle retrouve Akira avant le lever du soleil. La lune était au premier quartier.

*Tant mieux*

Elle scruta plus précisément la foule. Pas de traces d'Akira là, et là non plus. Son sourire perdait petit à petit sa force et sa joie, et elle se retourna rapidement.
Suzuka la suivait toujours de près. Akito accéléra le pas, et elle crut repérer Akira, courut plus vite que le vent vers la silhouette de dos. Elle le prit par les épaules, il se retourna. La fillette fit un bond de deux mètres en arrière. Ce n'était pas lui. Elle soupira bruyamment tandis que le jeune garçon l'insultait et se demandait si elle n'était pas folle.

Akito attendit que Suzuka la rejoigne, et lui fit part de sa crainte :

"Je ne pense pas le retrouver avant l'aube... Si vous ne voulez pas marcher toute la nuit, vous pouvez rentrer chez vous."

Elle le dit plus durement qu'elle ne l'aurait voulu. La petite fille s'était habituée à la présence de Suzuka, et cela lui ferait un manque si elle la laissait seule pour chercher son frère. Elle continuait toujours d'avancer , son regard glissant sur la foule qui commencait à se disperser plus la nuit avancait.

Suzuka comprit à la réponse d'Akito à la question qu'elle avait posée, que ce bien vague :

"Oui, si vous voulez, vous pouvez dire ça."

ne voulait pas dire ce qu'il avançait, qu'il cachait des choses. Suzuka était très curieuse, d'ailleurs, dès qu'elle voyait quelque chose l'intriguant, elle demandait toujours, on considérait aussi souvent que c'était un défault. Quand Akito fit part de sa crainte à Suzuka et termina la phrase par

"...vous pouvez rentrer chez vous.", elle grimaça comme un enfant qui boude, et dit :


"Mais moi, je veux continuer à parler avec toi, ça te dérange pas?? J'aimerai que tu m'expliques plus en quoi consiste ta vie, la vie d'un voleur... Je n'en sais rien et n'en ai jamais rien su...Et comme je suis curieuse, et que nous avons du temps, dis, tu peux hein? tu peux??"

Elle s'était arrêtée, face à Akito, penchée vers elle d'un air intéressé.
La demande que faisait Suzuka, ouvrant de grands yeux rieurs, avait le même ton que celle d'une petite fille qui demande une sucrerie dont elle a très envie.

"Et puis, si tu veux, moi je te raconterai quelque chose, n'importe quoi, ce que tu veux..."

Elle avait recommencé à marcher d'un pas dansant, les mains croisées dans le dos. La compagnie de l'enfant lui plaisait, et, de plus, elle s'était habituée, et aimait être dehors, la nuit...

Akito resta figée lorsque l'assassin avec laquelle elle marchait passa de l'air sérieux qu'elle avait à un air d'enfant excité et curieux. Elle marqua le choc en s'arrêtant une seconde avant de continuer à marcher, tandis que Suzuka avait un comportement excessivement puéril, ouvrant grand les yeux et sautillant en marchant. Elle insistait sur certains mots, ce qui gênait Akito, habituée à ce que les adultes aient des comportements d'adultes.

La fillette essaya de regarder ailleurs, et se sentit très gênée, ses joues rougirent légèrement. Puis, quand Suzuka se planta devant elle en la regardant d'un air interessé, elle eut l'impression d'être une bête de zoo.
Elle chassa rapidement cette impression bizarre de ses pensées, puis face à Suzuka qui attendait impatiement qu'elle lui réponde si elle voulait bien lui accorder un peu de son temps, elle se sentit grandir.

Elle se demanda si ce n'était pas son tour d'agir en adulte, et elle poussa un nouveau soupir quand elle se décida à se montrer plus réfléchie. Apparement, c'était à elle que revenaient toutes les responsabilités. Elle prit un air sérieux, et lui répondit :

"Je pourrais... Mais je ne vois pas ce qui me motiverait ... Pourquoi donc révèlerais-je tout l'art qui fait ma vie à une inconnue, qui ne me propose rien en échange ?..."

Elle sourit ensuite. Elle aimait sa façon de raisonner, et comme disait Akira, Akito était une des seules à comprendre et à user de la façon de penser des vrais voleurs. Les voleurs cultivés. La fillette avait entendu un jour qu'une organisation de voleurs très affinés existait déjà, et depuis qu'elle avait été au courant, elle n'arrêtait pas de chercher désespérement un memebre de cette organisation, afin de savoir si elle était apte à en faire partie elle-même.

En réaction à la réponse d'Akito , Suzuka ajouta qu'elle lui raconterait quelque chose, n'importe quoi si elle le voulait. Akito n'aima pas son ton enjoleur, et persuasif. Elle se promit de rester sur ses gardes. Elle avait déjà l'impression d'avoir été menée en bateau par cette assassin, alors elle n'était pas prête à echanger son savoir contre n'importe quoi raconté par n'importe qui. Et puis, il fallait que ce que Suzuka allait lui dire ait une valeur immense à ses yeux, sinon elle n'accepterait jamais de lui parler du vol en profondeur.

C'est ainsi qu'elle se surprit à répondre avec un rictus supérieur :

"Il va falloir me donner un peu plus, si vous voulez apprendre les subtilités du vol, vous savez ?"

Puis elle leva la tête. La lune était maintenant bien avancée, la nuit était profonde. Akito jura quand un vent frais se mit à souffler. Elle avait déjà froid les nuits normales, et là elle n'était que peu vêtue. Elle remit en place son veston, puis recommenca à marcher, cherchant toujours du regard son frère, ne se décidant pas à abandonner.

*Ne jamais abandonner* pensa t'elle pour se donner du courage.

Le problème aurait été résolu plus rapidement si elle avait pu se métamorphoser en chat ou en panthère, elle serait montée sur les toits, profitant d'une vue plus large de la ville, pouvant trouver son frère plus rapidement. Mais non, elle était là, dans les rues presques désertes, à marcher tout en parlant avec une fille qu'elle venait juste de voler.

Akito rélféchit encore plus quand elle arriva à ce stade de ses pensées. Oui, elle venait de voler Suzuka, pourtant cette dernière ne semblait pas lui en vouloir plus que ça, et Akito craignait que son comportement jovial ne soit feint entièrement. En effet, tous ceux qu'elles avaient dépossédés auparavant s'étaient jurés de la tuer.
Et elle était toujours en vie.

Sur ces pensées bien complexes pour une fille de son âge, elle tourna dans une rue plus grande et mieux éclairée d'un pas sur, de plus en plus rapide.

Suzka sourit quand Akito lui demanda quelque chose de trés précieux en échange d'expliquer sa vie à une inconnue. Elle croyait qu'elle avait compris. Elle lui avait déjà tout raconté d'elle, son identité et même l'histoire de son pendentif. Bien que l'histoire n'était qu'à moitié vraie, elle la lui avait tout de même raconté. De plus, elle ne l'avait pas tué, bien qu'elle avait attenté de la façcon la plus complète à sa mémoire et à son madaillon. Elle l'avait même invité chez elle...

Qui était donc cette enfant qui avait l'air si intelligente, ne comprenant pas les choses qui parraissaient essentielles à Suzuka? Elle était en plein dilemme : lui expliquer encore uen fois tout ce qu'elle avait fait, lui raconter encore un de ses secrets cachés?...

Suivant le cours de ses pensées, elle était devenue grave, sérieuse et presque mélancolique. Son comportement d'enfant s'arrêta, ses yeux devinrent inexpressifs, et elle se mit à regarder l'horizon. Pour l'une des premières fois de sa vie... Elle se mit à agir en proportion à son âge.

Elle repensait à tout ce qu'elle avait vêcu, et fut reconnaissante à ses parents, qui lui avaient initié la mentalité de jeu qu'elle avait toujours. Elle fut reconnaissante, car si cette mentalité n'était pas présente, elle n'aurait ni survécu, ni vécu heureusement comme elle l'avait fait. Si jamais elle s'arrêterait à penser comme cela un instant, elle pensait, et savait pertinemment qu'elle aurait des regrets, et deviendrait sûrement folle.

Elle se surprit à repenser au possesseur du médaillon... Etait il là-haut en train de veiller sur elle? Certainement, son meilleur ami, son frère comme elle le considérait, veilleit sur elle nuit et jour. Son chat même veillait sur elle et s'inquiétait pour elle, elle le voyait...

Elle décida de l'expliquer à Akito, et si elle ne comprenait pas, ce n'était pas grave, elle comprendrait bien plus tôt que n'importe qui d'autre. Mais d'abord, elle voulait faire un bref récapitulatif de cette soirée...

"Qu'est ce qui pourrait bien te motiver à m'expliquer hein?..." Sa voix était restée basse et posée.

"Je pense que m'ayant volé, ne t'ayant pas tué, t'ayant invité chez moi, t'ayant expliqué mon identité et l'histoire de mon médaillon, tu devrais être satisfaite... mais, si tu ne l'es pas, je peux toujours rajouter ceci : Si tu trouves que j'ai une mentalié puerile et bizarre, et que tu me blâmes pour cela, tu ne pourrais comprendre. Je vais donc te l'expliquer. Si je ne l'avais jamais eu, cette mentalité, je n'aurais jamais survécu aux évènements auxquels j'ai vécu, je n'aurai jamais pu vivre joyeusement de ma vie, et trouver des côtés positifs où tout le monde voyait une chose irrécupérable..."

Rien que l'exemple de la mort de son "frère", elle n'aurait certainement pas arrêté de pleurer, tout le temps...

Sa figure si sérieuse, reprenait petit à petit, une expression assez joyeuse. Mais ses yeux verts étaient restés inexpressifs et restaient rivés au loin, très loin comme pour percer la voûte de nuages épais qui s'amoncellait au dessus de leur tête. Un vent frais la fit frissonner et souleva ses cheveux. Un léger sourire s'afficha sur ses lèvres, en repensant au vent de là-bas... Elle l'huma un instant...

Elle attendait maintenant d'Akito quelque chose qui ne la décevrait pas...

Akito haussa les sourcils, et se tourna lentement vers Suzuka. Elle l'avait mise hors d'elle, et elle appréciait que Suzuka lui parle normalement à present. Elle n'avait pas du tout apprécié le ton enjoleur que l'assassin avait pris alors qu'elles parlaient ensemble.
Akito reporta son attention sur la foule, mais continua de réfléchir.

Suzuka avait d'abord grondé une phrase, ce qui montrait que la prochaine phrase serait sa pensée exacte. Akito s'approuva elle même dans son raisonnement. Et Suzuka avait explosé. Akito avait souri de soulagement. Il avait fallu du temps pour qu'elles en arrivent à parler d'égal à égal. La fillette accéléra un peu le pas, tandis qu'elle réfléchissait toujours.

Oui, Suzuka avait pleinement raison : Elle avait raconté des histoires à Akito. Fictives, réelles ? La fillette s'en fichait éperdument. Dans le doute, elle ne pouvait accepter cela comme monnaie d'échange. De plus, la petite fille jugeait qu'étant donné qu'elle aussi avait décliné son identité, cela ne comptait pas. Et puis, s'être fait voler ne lui inspirait pas la moindre pitié. S'il y avait des gens qui volent, il devait y avoir des volés. C'était comme ça.
Akito poussa sa réflexion encore plus loin. Avoir été épargnée ne lui semblait pas suffisant. Non, c'était même impossible. On ne sauve pas la vie des gens par intérêt, normalement. Normalement. Akito regarda en coin Suzuka. C'était vrai qu'elle la trouvait puérile et bizarre.
En revanche, elle ne la blamait pas pour ca. Elle comprenait qu'aux problèmes de la vie il y avait plusieurs solutions. Pour être plus précise, elle dirait même qu'il y a autant de solutions qu'il y a d'êtres en difficulté.

La jeune voleuse sourit. Elle concevait que Suzuka avait choisi une parade à ses problèmes difficile. Ce n'était pas aisé de paraître constamment joyeuse, pensait la fillette. La bonne humeur était pour Suzuka ce qu'était Akira aux yeux d'Akito : une protection. Un mur protecteur, auquel tous les problèmes venaient buter, sans le franchir.
Akito pensa aussi que la source de bonheur de Suzuka était sa façade joyeuse, donc l'assassin elle même, et la fillette pensa que ce devait être éprouvant de se protéger par soi même. Il fallait sans cesse avoir deux cartes dans son jeu. Une joyeuse, une apeurée par les problèmes, aussi durs qu'ils soient.

Le regard de la petite fille changea sur Suzuka. Elle comprenait les problèmes qu'elle avait eu. Elle comprenait, mais cela ne suffisait pas pour partager son savoir. Elle sentait que si elle continuait à refuser, Suzuka allait se braquer contre elle. Elle aborda donc un autre sujet :

"Alalala... je n'arrive pas à trouver mon frère... Si seulement je pouvais le trouver avant l'aube."
Elle se tourna alors vivement vers Suzuka :

"Vous m'aidez, alors ?"

Et elle pensa très fort * Plutôt que de parler de choses futiles comme nos vies *

En pensant que peut être elle ne trouverait plus jamais Akira, une larme coula sur sa joue.
Puis la fillette s'essuya la joue d'un geste rageur, comme si elle ne se laissait pas submerger par de faux semblants de peurs.

Akito lui avait soupiré qu'elle n'arrivait pas à trouver son frère, et lui avait demandé son aide.

"Je veux bien, mais comment on peut le reconnaître? Décris-le moi un peu s'il te plaît..."

Il y avait de moins en moins de personnes qui se trouvaient dans les rues. Restaient, seuls, les promeneurs hardis, perçant le froid, les gens émitouflés dans leur manteau, les personnes pressées qui hâtaient le pas, d'autres qui marchaient tout doucement en sifflotant. Les nuages qui passaient au dessus d'elles smblaient devenir de plus en plus épais, la lune était à peine visible entre. Le vent frais annonçait une averse. Elle était contente, la pluie, elle l'avait toujours aimée. Elle décida de faire une approximation.

Dans environ une dizaine de minutes, l'averse battrait son plein, et il leur faudrait s'abriter. Comme pour approuver sa pensée, quelques gouttes commencèrent à tomber, lentement, du ciel blanc qui parraissait irréel. Les nuages semblaient bien bas, et l'atmosphère était devenue fraîche. Si elles ne retrouvaient pas son frère dans les minutes qui suivaient, il leur faudrait attendre quelque temps.

"Si jamais ton frère ne se montre pas dans peu de temps, il faudra un peu retarder les recherches..."

Le ton qu'elle avait pris montrait l'évidence de la situation. Les averses, ici, n'étaient pas très longues, mais très puissantes.

Plus les gens disparaissaient des rues, plus Suzuka se sentait comme chez elle. Elle ne savait plus pourquoi, mais dès qu'il pleuvait, elle ne pouvait s'empêcher de se précipiter sous l'eau. Qu'importe les rhumes, le froid, le nez qui coule après, recevoir la pluie, la tête en l'air, les yeux rivés sur les nuages gris perle, en essayant d'attraper chaque goutte à un endroit précis de sa main était la chose la plus mystérieuse,et la seule qui ne lui faisait penser à rien, rien qu'au plaisir de sentir les gouttelettes se faufiler dans son cou et dans ses cheveux. Quand elle faisait ça, elle était seule dehors, et les rares passants qui courraient pour échapper à l'eau, devaient se demander que fabriquait une jeune fille sous la pluie toute seule, sans parapluie... C'était comme un fil qui reliait le ciel et la terre, l'espace d'un court instant...

Cette sensation lui parraissait merveilleuse, et elle pouvait rester ainsi longtemps...

Elle arrêta un instant sa rêverie, pour remarquer que la pluie s'intensifiait de plus en plus.

Akito réfléchit un instant, puis elle répondit rapidement, sans hésiter et d'un ton amusé, à Suzuka :

"C'est facile de le reconnaitre. Il est comme moi."

Un petit sourire sauvage éclaira son visage de voyou. Ses cheveux blancs perdaient leur candeur au fur et à mesure que la pluie les salissait. Akito s'en fichait royalement, et elle regarda à son tour le ciel. Les nuages noirs qui s'y amoncelaient ne devaient pas ébranler sa volonté. Elle continuerait les recherches sous la pluie, et puis.......

La pluie. Elle n'affecte pas les félins, après tout.

Akito sourit, puis déchanta vite. Tant que Suzuka restait avec elle, elle ne pouvait se livrer à de telles métamorphoses. Juste un peu, alors.
Le visage d'Akito se concentra un instant, puis quand elle ouvrit les yeux, elle voyait clair comme en plein jour, ce qui facilitait les recherches. Elle espérait que Suzuka ne remarquerait pas qu'une modification en elle s'était produite, alors elle se garda de la fixer dans les yeux.

Mais quand Suzuka annonca qu'elles allaient devoir s'arrêter, Akito prit part dans ses décisions. Tant pis, il n'y aurait plus personne dans la rue... Que Suzuka. Elle se tourna vers elle pour lui dire qu'elle revenait bientot, juste le temps d'une pause, juste le temps pour elle de se transformer hors de sa vue... Ce qu'elle ne dit pas, bien sur.

Mais quand elle se tourna vers Suzuka, cette dernière eut un sursaut.

*ZUT*

Akito avait oublié qu'elle avait usé des yeux des félins... Suzuka avait du voir ses pupilles anormalement fendues, comme deux traits dans l'océan de ses yeux rouges. Akito passa la main devant ses yeux, puis quand elle regarda de nouveau l'assassin, ses yeux étaient redevenus normaux, la pupille bien ronde, grande ouverte pour essayer de distinguer quelque chose dans le noir qui s''était installé avec la pluie.

La fillette n'avait plus le choix. Elle allait se dévoiler pour Suzuka. Elle commenca à chercher ses mots. Par ou allait elle commencer ? son histoire peut etre... non. Il fallait quelque chose de plus percutant, et puis... Ou peut etre que... Akito débattait intérieurement, toujours en courant sous la pluie en compagnie de Suzuka. Finalement, la tête embrouillée, elle lacha d'un ton des plus banals :

"Je suis capable de me métamorphoser en animaux."

Puis elle continua de courir, comme si rien n'avait vraiment changé. Néanmoins, elle devait etre sure que Suzuka avait compris. Elle repassa la main devant ses yeux, et poussa un soupir de soulagement lorsque l'obscurité s'éclaira pour elle grâce à ses yeux de chat. Elle se tourna maintenant sans doutes vers Suzuka, et la fixa longtemps dans les yeux.

Finalement elle sourit.
Des petits crocs blancs apparurent entre ses lèvres.

Suzuka n'était pas trop surprise de la réponse d'Akito, mais au moins, cela lui faciliterait les recherches. Un garçon comme Akito, cela devrait se trouver assez rapidemment...

Elles continuaient de courir sous la pluie, cherchant un abri, et ce fut alors qu'Akito s'était tournée vers elle, pour lui demander quelque chose certainement... Suzuka avait eu alors un sursaut, ses yeux, anormalement fendus, ressemblaient à ceux d'un félin. Elle n'avait pas pu se tromper, se rappelant avoir tant de fois observer les pupilles d'Umi... Elle regarda encore une fois, pour vérifier, mais ses yeux étaient redevenus normaux...

Quelques minutes plus tard, après des instants de silence que brisait seulement le bruit de la pluie qui s'écrase, et qu'on ne peut arrêter, Akito se décida soudainement, et lâche tout simplement qu'elle pouvait se métamorphoser. Suzuka pensa qu'elle pouvait ne plus s'étonner de rien, et se demandait s'il y avait encore des détails saugrenus qui parsemeraient encore sa vie...

Pour qu'elle comprenne bien, Akito avait fait une démonstration sur-le-champs, et arborait les pupilles écarlates de tout à l'heure...


*Wah!*, s'écria-t-elle intérieurement, *ça sera un chat ??*

Elle se dit qu'elle avait de la chance, elle y voyait certainement mieux qu'elle... Elle s'ajusta le ruban qui glissait de ses cheveux avec l'eau, mis ses mains en visière, et observa la route toute grise de pluie, et le ciel tout noir. C'était un spectacle assez banal, presque fade, mais elle aimait vraiment le regarder. Cela montrait en quelque sorte la puissance de la nature, imprenable malgré tout, et qu'on ne pouvait arrêter...

Plus l'eau coulait, plus sa tenue collait, et se transformait en une seconde couche de peau. Une chaleur étrange émanait de son pendentif, et l'empêchait d'avoir très froid. Mais, préoccupée par sa course, elle ne le sentait pas.

Elle se demandait si Akito réussirait à bientôt trouver son frère, car l'averse atteignait son pic. Sa frange lui tombant dans les yeux, et se collant à sa peau devait lui faire une drôle de tête. Elle sourit et se souvint des remarques qu'on lui avait dites, jadis, quand la pluie coulait trop fort et plaquait tous les cheveux sur le crâne...

"J'espère juste qu'on va bientôt le retrouver!..." dit elle un peu fort pour qu'elle l'entende par dessus le bruit de la pluie battante. Elle n'avait fait aucune allusion à Akito elle-même, du point de vue animal, elle-même était un assassin alors...

Akito lanca un regard excédé vers le ciel quand Suzuka s'était demandé si elles allaient finir par le retrouver. Elle devait le retrouver, de toute façon, elle ne ferait rien sans avoir eu son avis sur la chose. La fillette réfléchit tandis qu'elle choisissait au hasard les directions dans les croisements.

Les rues étaient éclairées par quelques lampadaires irréguliers. Akito tourna à droite, Suzuka sur les talons. Elles s'enfoncèrent sans parler dans la noirceur de la nuit toujours plus profonde. Les lampadaires s'espacèrent, la lumière se fit rare, puis soudain ce fut un noir d'encre.

Akito se retourna donc pour vérifier que Suzuka suivait bien. Mais cette dernière n'avait pas la faculté de voir dans le noir, se rappela la petite fille quand elle apercut l'assassin tituber à quelques mètres derrière elle. La jeune voleuse jura d'une manière radicalement opposée à l'élégance, puis essuya un peu l'eau qui ruisselait sur elle. La pluie ne faciliait évidemment pas les recherches, car si Akito pouvait voir dans le noir, ses yeux ne lui permettaient pas de voir à travers le brouillard qui s'était formé quand la pluie avait commencé à tomber, réduisant leurs horizons de recherche à quelques mètres autour d'elles...

La jeune fille, fatiguée, n'avait plus la force de courir pour rien, comme ça. Elles devaient trouver Akira le plus rapidement possible. Soudain, la solution lui apparut.

De toute évidence, elles devaient se séparer.

Cette nouvelle façons de chercher aurait plusieurs avantages. Cela leur permettrait d'être dans deux endroits à la fois, ce qui ferait avancer deux fois plus vite leur quête. Et puis, songea Akito avec un sourire aux dents étrangements pointues, elle pourrait enfin se transformer entièrement, libre de toute personne susceptible de la voir.

Elle savait que Suzuka avait un esprit ouvert, et ne serait pas surprise si jamais elle se transformait, mais Akito gardait à l'esprit la réaction première d'Akira. Son frère. Les conditions n'étaient pas tout à fait les mêmes, mais dans l'esprit de la fillette, il ressortit simplement l'instinct d'être soit seule soit avec Akira lors de ses transformations complètes.

Elle arrêta la marche hésitante de Suzuka d'une pression sur le bras, et s'étonna que la fille soit aussi trempée. Puis elle la regarda. Suzuka regardait à peu pres vers la fillette, du moins, l'endroit où elle pensait qu'elle devait être. Elle ne voyait absolument rien dans cette obscurité étouffante, où même la lueur de la lune disparaissait. Akito, elle discernait les moindres détails du visage de l'assassin, et elle eut une approbation muette lorsqu'elle vit que Suzuka avait une expression courageuse figée sur le visage, presque sans crainte.

Dans le silence qui suivit, Akito s'apercut que la pluie étouffait tous les autres bruits, et enfermait Suzuka et elle dans une sorte de bulle où rien ne semblait pouvoir les atteindre. La petite fille ferma les yeux une seconde, et concentra son ouie féline sur les bruits de la nuit. La pluie brouillait vraiment tous les autres bruits. Elle eut un froncement de sourcils qui attestait de sa colère à ne pas pouvoir entendre plus loin que le bout de la rue. Puis elle reprit Suzuka par le bras. L'assassin tourna immédiatement la tête vers toujours à peu près Akito. Cette dernière sourit, puis elle commença à parler :

"Il faut évidemment qu'on retrouve Akira. Comme vous n'arrivez pas à voir dans le noir, il est inutile que vous me suiviez dans ces ruelles sombres. Il va donc falloir qu'on se sépare."

Elle reprit un peu son souffle, le temps qu'elle comprenne bien tout ce qu'elle avait dit. Akito aimait parler efficacement. Elle répéta :

"Nous allons nous séparer. Je prends les ruelles sombres, et vous les grandes rues plus ou moins éclairées, d'accord ?"

Bien entendu, elle n'attendait pas une approbation de la part de Suzuka. Elle devait faire ce qu'elle lui demandait, et son "d'accord ?" resterait réthorique. Ou alors, se dit Akito, elle pouvait répondre qu'elle avait compris. Ca ne la gênait pas. Elle attendit que Suzuka réagisse dans la totale obscurité, écoutant presque chaque goutte tomber sur les durs pavés froids.

La pluie dans les ténèbres était peut-être une chose agréable du côté poétique, mais du côté pratique, un peu moins. L'obscurité opaque autour d'elles les étouffait comme une pièce aux murs qui se rapprochaient immuablement. Elle comprenait un peu ce que pouvaient ressentir les personnes qui en perdaient le souffle, de rester enfermées dans une petite pièce. Mais, elle était habituée à ce genre de choses, et, un assassin, pour se fondre dans les ténèbes se devait de devenir ombre parmi les ombres, enlever la moindre once de danger devant les yeux de la victime, la mettre en confiance, puis très rapidemment, lui ôter la vie..

Il semblait que des litres et des litres d'eau tombaient depuis le ciel, sans que l'on ne puisse les arrêter. Le bruit que faisaient ces litres d'eau en tombant sur les pavés était presque assourdissant. Le ruban qui maintenait ses cheveux avait définitivement glissé de ses cheveux, l'eau aidant, et elle se l'était attaché au poignet.

De plus, elle y voyait de moins en moins. Cependant, elle sentait prêt d'elle, la petite fille qui marchait d'un pas confiant, sûre d'elle. Elle n'entendait aucun bruit parvenait d'une quelconque source potentielle, que ce soit d'elle-même ou d'Akito.

Après quelques pas hésitants de Suzuka dans le noir, un brouillard épais et humide s'était levé, les plongeant comme au centre d'un vêtement encore plus froid que la pluie alentour. Elle frissona légèrement, puis continua sa marche incertaine.

Sa main s'était involontairement serrée autour du médaillon autour de son cou. Elle sourit en se demandant qu'elles devaient avoir toutes les deux l'air de chats trempés, ruisselants et froids. Ses petits chaussons éclaboussaient un peu d'eau autour quand elle marchait, elle le sentait, mais cela était, bien évidemment imperceptible à un regard humain.

Suzuka renonça même à s'essuyer l'eau qui était sur elle, et ses pas ne laissèrent plus de traces dans les flaques, alors qu'Akito l'arrêtait d'une main sur le bras.

Elle se disait que pour faire de telles recherches, la personne qu'elle disait être son frère devait être vraiment importante, et la petite fille n'allait certainement pas abandonner si facilement..

Akito lui dit qu'il fallait mieux qu'elles se séparent, Suzuka pour chercher dans les rues plus ou moins éclairées, Akito dans l'obscurité grâce à sa vue perçante.

Ayant parfaitement compris ce que la petite fille attendait d'elle, elle prit d'abord une inspiration, se ravisa, inclina la tête, pivota sur ses talons, et repartit aussi furtivement dans l'autre sens, vers la lumière des lampadaires..

Akito apprécia la rapidité de réaction de Suzuka, qui était repartie de son côté dès qu'elle avait compris ce que la fillette lui avait demandé.

Akito désormais seule dans la rue noire ressemblait à un fantome avec sa chevelure blanche d'un blanc éclatant qui donnait l'impression qu'elle brillait et ses grands yeux rouges de vampire. Elle sourit et ses canines de félin réapparurent sur ses lèvres rajoutant à l'impression anormale qu'elle rendait. La pluie qui ruisselait sur la jeune fille ne réussissait pas à faire ciller son regard fixe et écarlate qui éclairait les ténèbres autour d'elle. La jeune métamorphe se retourna soudain vers l'obscurité, et partit d'un pas léger, s'enfoncant au coeur sombre de la nuit noire. Elle détaillait chaque coin de rue, et quand elle trouva un endroit assez bas pour pouvoir atteindre le toit, Akito sauta.

Un félin arriva d'un bond agile sur le toit. Ses griffes d'acier aiguisées, ses longs crocs blancs le faisaient paraître effrayant. Sa fine queue fouettait agilement l'air, ses moustaches frémissaient au contact de la pluie, et ses oreilles étaient dressées à l'affut du moindre son. Son pelage d'un blanc immaculé et ses yeux rouges sang trahissaient néanmoins Akito. La jeune fille était devenue panthère.

La panthère feula légèrement, et attendit la réponse de son frère qui reconnaissait sa voix habituellement, même à des kilomètresde là. Aucune réponse ne lui parvint, et une larme tomba parmi les gouttes de pluie sur le toit.

Akito se décida après quelques minutes d'attente vaines. Ses pattes silencieuses trottinèrent rapidement sur les toits. Akito parcourut la ville ainsi, scrutant méticleusement chaque recoin sombre des rues adjacentes aux toits qu'elle empruntait. Elle vit un homme se faire agresser, et elle frémit avant de s'arrêter afin de contempler le combat. Le félin qu'elle était s'approcha le plus près possible du bord du toit, puis elle s'assit sagement en essayant de discerner qui était avec qui.

Un sourire maléfique s'étira sur les lèvres de la jeune fille redevenue humaine. Elle était assise sur le bord du toit, ses jambes pendaient dans le vide, ses mains aggripaient la gouttière. Son regard ardent était fixé sur le combat inégal qui se déroulait en bas.

Un homme combattait seul contre trois, non cinq hommes, dénombra Akito en remarquant des cadavres joncher le sol aux cotés de l'homme agressé. Il se battait à mains nues contre des bandits armés, et s'il avaient réussi à tuer deux des cinq voleurs, il ne s'en sortirait pas aussi facilement avec les trois autres. Ils étaient apparement plus forts, et même si l'homme évitait de justesse leurs coups, il ne tiendrait plus longtemps. Akito perdit son sourire en pensant à ca. Elle aimait les combats à mort. Et détestait les rescapés. C'est pourquoi elle lança son poignard à l'homme en difficulté. Il leva les yeux avisant la lame qui fendait les airs jusqu'à lui. Et il vit une fillette assise sur le rebord du toit. Il eut un air étonné quand il la vit lui sourire, et lui adresser un geste d'encouragement. L'homme leva son bras droit pour attraper le poignard au vol, et un bandit en profita pour lui porter un coup au torse.

L'homme se replia de douleur et la lame fila entre ses doigts, laissant une estafilade de sang sur la main de l'homme. Il serra les dents, et cherchant à attraper la lame malgré tout il se jeta à terre dans un ultime espoir. Mais un voleur mis le pied sur la petite dague avec un sourire sadique non caché, fier de lui au contraire. Il prit la dague de sous son pied, nargua l'homme à terre, puis leva le poignard pour le tuer définitivement.

Akito sauta agilement, et atterit brusquement sur les épaules du bandit qui s'effondra lourdement sur les pavés mouillés. Ses os craquèrent et la fillette, déjà debout à côté, se crispa en entendant ce bruit. Autant elle aimait le sang, autant le bruit des os l'horrifiait au plus haut point. L'homme à terre releva la tête et regarda Akito avec un air empli de crainte. La petite fille trouva ca anormal et, comprenant avec un instant de retard, elle sentit une lame taillaider son flanc droit. Il restait encore deux hommes à abattre. Akito cria quand elle sentit le couteau déchirer sa peau. Ses yeux tremblèrent tandis qu'elle touchait sa blessure, mesurant l'empleur des dégâts. Quand elle porta ses doigts en sang à hauteur de son regard, elle hurla encore plus. Les deux hommes se demandaient ce qu'il fallait faire, essayant de mesurer le danger que représentait cette fillette qui venait de tuer l'un des leur.
Akito hurlant sentait sa blessure qui la meurtrissait, et voyait ses mains pleines de sang. Des larmes de douleur apparurent sur ses joues. Et sa vision se brouilla. Tout devint rouge, les coins d'ombre s'éclairèrent. Elle était en train de se transformer... Elle pleurait de plus belle en contemplant ses mains qui commencaient à se munir de griffes, et elle sentait une envie de sang monter en elle comme une soif, une soif qu'on ne pourrait jamais arrêter.

Elle se retourna, et se lança à l'attaque, folle de rage et de douleur. Elle était assez blessée pour avoir du mal à prendre conscience de ses gestes et tout se compliquait dans sa tête, mais ses mouvements n'en étaient que plus rapides et mordants. L'Autre Ame qui lui permettait de se métamorphoser prenait le contrôle. Et la dernière fois qu'elle avait laissé le contrôle à l'Autre Ame, Akito en avait pleuré longtemps, étendue de fatigue au milieu des morts qu'elle avait tués.

Les deux survivants et l'homme à terre eurent le même réflexe et fixèrent avec toute leur attention la transformation de la petite fille. C'est pourquoi, choqués par ce miracle ils ne se défendirent que trop tard et trop lentement. Akito les tua rapidement (j'épargne un peu les détails)...

Prise d'une soudaine fatigue, comme l'autre fois, elle tomba à genoux aux cotés de l'homme à terre qui respirait avec difficulté maintenant. Akito le regarda, et dans ses yeux elle lisait un merci du fond du coeur. La fillette sourit, et se rapprocha de l'homme.

Elle le reconnut. C'était un homme qui avait sympatisé avec Akira et Akito à leur entrée dans la ville. Il leur avait permis de voler sur son quartier, sans leur faire de mal. Akito sourit. Elle était contente. Elle venait de rendre la monnaie de la pièce, et de plus cet homme saurait surement où se trouvait Akira.

"Où est mon frère ?"

Il ne répondit pas et ferma les yeux. Ses lèvres murmurèrent et Akito s'approcha pour mieux entendre.

"Attends moi Lisa... Je te rejoins dans la mort... Nous contemplerons la lune ensemble du haut des étoiles..."
Akito, refusant de croire qu'il allait mourir, le secoua doucement, et répéta sa question.

"Akira... Où est Akira ?"

L'homme la regarda soudain, écarquillant les yeux comme s'il venait de prendre conscience qu'elle était là. Akito saisit sa chance.

"Akira !!! Où - Est - Akira !!!!"

Elle le secoua plus fortement alors qu'il fermait les yeux. Akito sentit l'homme agripper sa main, et elle sursauta quand il la serra si fort qu'elle serra les dents pour ne pas gémir. Puis elle cilla. La fatigue commencait à la reprendre... Et l'homme dessera lentement son emprise. Puis sa main tomba mollement à terre. Akito plissa le nez. Son odorat de félin lui apporta l'odeur des Sans-souffle.

*Il est déjà mort..*

Akito se releva, les larmes coulaient de ses yeux tandis qu'elle trébuchait sur les corps étendus à terre, fouettés sauvagement par la pluie battante. La petite fille s'interdisait de regarder ce sinistre spectacle, et prenant appui sur un mur, elle marcha jusqu'au bout de la rue. Là elle pensa une dernière fois à Akira avant de sombrer dans un sommeil réparateur.

Son corps s'effondra sur le pavé, dans l'obscure ruelle, et même la lueur de ses cheveux de neige s'éteignit, comme une bougie d'espoir soufflée par le vent moqueur de la nuit...