Festivité

" Une fête à ne PAS manquer "

Tel était le message affiché sur les dizaines d'affiches géantes trônant sur les diverses surfaces de la salle d'artiste. Sans compter celles affichées en ville. Comme quoi, la publicité fonctionnait, car le résultat était là : Shin était à Daiya, dans la salle d'artiste, pour cette fameuse "fête à ne pas manquer".

L'entrée avait été gratuite, heureusement pour Shin qui se retrouvait avec si peu d'argent. Il venait tout juste d'ouvrir son compte bancaire, pour pouvoir aider financièrement Suzuka, sa colocatrice, désormais. Soudain, un présentateur surgit de l'obscurité pour annoncer le programme. Programme déjà répété sur les affiches, en dessous du slogan percuteur, afin de permettre aux gens de savoir quand même ce qu'il ne pouvaient pas manquer.

"Il y a longtemps qu'on n'avait pas fêté dans la grande salle d'artiste, voilà donc en ce jour l'ouverture d'une rare occasion! Depuis 25 ans déjà que la salle n'avait pas ouvert son toît, ça sera bien la première fois pour certaines personnes ! Vous êtes tous invités, n'importe quel âge et n'importe quel classe ! De 5h à 10h , il y aura des clowns pour les tous petits! De 10h à 13h, une pause pour le dîner. De 13h à 15h un concours de chant, mais en vitesse car à 15h30 place aux vrais professionnels ! Tout ça pour finir avec des feux d'articifice avec plein de couleurs ravissantes et sachant charmer, vers 21h30 ou 22h!

Ne ratez pas l'occasion qui s'offre à vous!"

L'adolescent se laissa tomber mollement dans le premier siège qu'il trouva de libre, observant d'un oeil émerveillé les alentours. La musique était assez forte, mais elle cassait un peu les oreilles, avec toutes ses intonations aigues et graves qui se voulaient comiques. En effet il était vers les 9h, et les clowns sur la scène centrale effectuaient leur job de clowns, c'est à dire de faire des pitreries pour amuser les enfants. Shin lui aussi était étonné par leurs costumes. Leur visage était tout peint de partout, ce qui leur donnait un air joyeux avec cette grande bouche, ces yeux énormes et ce teint blanc qui resplendissait sous les projecteurs afin d'accentuer leur expressions. Leurs perruques de toutes couleurs, roses, jaunes, vertes, bleues parfois, était presque toujours frisées afin de leur conférer une plus grosse attention. Quelques uns des clowns portaient un petit chapeau ridiculement minsucule comparé à ces cheveux multicolors. Mais tous partageaient cet air empaté, dû aux vêtements salopettes extra larges qu'ils revêtaient. Les chaussures aussi étaient démesurées, et leur démarche s'en ressentait. Shin s'amusa à les comparer à des canards.

Il s'amusa tant et si bien qu'il se trouva à rire lorsqu'un des clowns demanda à un enfant de monter sur scène, et que l'enfant se trouva arrosé de mousse, se prit un sceau d'eau sur la tête joyeusement, et tout le reste qui fit surement se tordre les doigts à sa mère. Vers la fin du show, lorsque les clowns saluèrent tout le monde, en ne manquant pas de se pousser pour une dernière fois, Shin-Ichi remarqua qu'il était observé. La personne qui occupait le siège à sa gauche le regardait avec des gros yeux pétillants. Evidemment, vous l'aurez compris, c"était un enfant. Sa mère cherchait quelque chose dans son énorme sac à main, et pendant ce temps, l'enfant observait Shin. L'adolescent se sentit assez mal, et pour détendre l'atmosphère, il fit une grimace comme celle des clowns, ce qui eut pour effet de faire rire l'enfant aux éclats. Puis lorsqu'il eut fini de rire, le petit se présenta, comme si un marché avait été conclu, et que ce drôle d'adolescent habillé étrangement, aux cheveux bleux, et avec des boucles d'oreilles un peu partout, méritait sa confiance. Shin n'en revenait pas. D'habitude, il n'aimait pas les enfants, mais là, il avait l'impression qu'il venait de partager quelque chose d'unique. Peut être que Suzuka avait raison quand elle disait qu'il se comportait comme un gosse, finalement.

Puis la mère se leva, emportant son nouvel ami loin de Shin. Ce dernier soupira avant de se lever à son tour. Il devait aller manger désormais. Il regarda l'heure, mais ne comprit pas tellement les aiguilles. En tout cas, il suivit la foule, contourna la scène ronde, longea un couloir parmis les rangées des milliers de sièges, et arriva de l'autre côté, là ou se situaient les toilettes et un restaurant.

Il n'avait pas d'argent, et se prépara alors à repartir, mais du coin de l'oeil il remarqua une buvette où l'on pouvait se restaurer gratuitement. Impressioné, il fit demi tour pour y revenir, et s'installa à un des haut sièges du bar. Il se fit servir un hot dog et une barquette de frites, accompagné d'un verre d'eau. Il commençait à manger lorsqu'il se rendit compte que quelqu'un l'observait à nouveau. Il s'essuya, puis tourna la tête.

Mais cette fois ci, ce n'était pas un enfant...